Le
premier jour de fouille s’est passé un vendredi 13, ce qui pour ma grand-mère
était un excellent présage et qui d’après une voisine n’augure rien de bon pour
la journée. En dehors de cette incertitude de peu d’importance nous l’attendions
tel un bon élève impatient de rentrer en classe. Même excitation dans les
préparatifs, joie de reprendre le travail, interrogation sur ce que seront les
nouveaux camarades, incertitudes sur
l’ambiance et les découvertes dont le premier jour pourrait donner un avant
goût. La veille au soir, le matériel
avait été préparé et soigneusement vérifié. Notre programme avait été
tenu au jour près et grâce à une organisation parfaitement rodée (je nous
félicite mais ceux qui ont vécu des expéditions de ce type me comprendront)e
nous sommes allés de Toulouse, Paris et Strasbourg au fin fond des monts de Verkhoïansk en moins de quatre jours en emportant dans la dernière partie du
trajet plus de 500kg
d’un matériel et attirail inimaginable dont l’inventaire à la Prévert mêlerait, camps de toile, set d’autopsie, riz, pattes,
aspirateur, lingettes, saucisson russe, pack de bières (trop peu), médicaments
capables de soigner un commando en opérations guerrières, éternel sujet de
discussion et de dilemme (entre bières et médicaments il faut choisir) entre
Annie et le rédacteur.
Dans la tradition de l’archéologie iakoute, les derniers
manches de pelles furent fabriqués à partir de troncs de jeunes mélèzes coupés
dans un bel enthousiasme avant l’orage qui nous permit de tester nos tentes.
Dans cette tradition mêlant nécessités techniques et élan de ceux qui iront
vers l’abondance, les tranchants de pelles, tels les sabres des exécuteurs des
basses œuvres, furent soigneusement affutés sur une meule prêtée par les paysans
dont c’était la première utilisation pour l’archéologie. Ce bel élan s’est
passée au hameau de Targana (66°, 59’,486 ‘’ N ; 132°, 59’,626’’E) où un hélicoptère
loué pour la circonstance à Batagaï (capitale de la région de Verkhoïansk) nous
avait déposé deux heures plus tôt, accompagnés de Monsieur le Président de la région venu quelques instant pour
nous présenter. Ce contact avait été établi auparavant grâce à nos éclaireurs
franco-iakoutes arrivés sur site auparavant. Il repartit dix minutes après, le
temps pour le pilote sympathique qui avait récupéré Jean-Louis Etienne (son
grand lien avec les français ce qui nous valut une séance photo de femmes en
délire) de prendre un thé et de redécoller.
EC
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