Des doigts dissimulés
L’étude du corps
de la vieille dame dont je vous parlais hier débute par des prélèvements
biologiques effectués dès l’ouverture. Une attention particulière est portée
aux fosses nasales afin d’étudier les germes qui y séjournaient de son vivant.
C’est l’histoire des maladies et de leur évolution qui est en jeu. Un examen
externe permet de décrire les vêtements
du dessus : manteau en peu de renne, boa en queues d’écureuils, chapka en
zibeline, tarbaza –éléments en cuir fumé
de cheval entourant les pieds et serrés sous les genoux et aux chevilles par
des liens en cuir-, chapka en zibeline, tout comme le suaire qui lui recouvre
la face. Lors de l’examen externe, le réchauffement du corps au contact de
l’air décolle un fil qui entoure la main gauche. Christiane et Edouard entament
alors une discussion spécialisée sous les yeux ébahis des fouilleurs, épuisés
par le démontage de la superstructure et la fouille de la tombe, déçus par
l’absence de mobilier et qui du haut de la fosse ne voient qu’une main noirâtre
dépassant de vêtements assez classiques pour qui a fouillé en Iakoutie. Si pour
Christiane ce fil signerait les restes d’un manchon semblable à ceux qui
enserraient les mains des chamans, pour Edouard, il aurait simplement glissé
d’un manteau sous-jacent. La partie allait être rude pour l’anthropologue et le
médecin légiste d’autant plus que nous avions convenu, au vu de son excellent
état de conservation, de ne pas abimer le corps. Le démontage de l’épaule pour
une dissection fine au soleil, fut donc rejeté et suivant l’expression de nos
collègues légistes, ce fut une autopsie foraine, in situ. Une dissection fine et un passage au plan sous jacent s’imposent
toutefois, l’après midi déjà bien entamée sera longue…Vassili repart chercher
des tombes, les fouilleurs tirent de l’eau à la rivière pour faire du thé, une
après midi à la campagne au soleil débute pour eux, tandis que au fond du trou,
à genou sur le permafrost qui commence à fondre, Annie travaille avec comme
aide Eric, qui passe échantillons et constatations aux deux compères assis au
bord de la fosse, prêts à en découdre. Les photographes attendent les détails
qui expliqueront sans nul doute la discussion. Le soleil bas entraine cependant
l’équipe à l’ombre, il fait plus de
Alors qu’Annie
épuisée par le froid de la tombe et le rhabillage du corps remonte en surface,
la tombe est rebouchée et reconstituée dans son état initial. La partie de campagne
se termine durement, et le camps est bien loin. La tombe de la vieille femme
édentée aux doigts pris dans les manches de son manteau domine toujours
EC, PG, AG
Rédigé par : darasse | 01/09/2010 à 21:47
dommages que les commentaires soient trop synthétiques,et généraux; les photos sont magnifiques
bravo