Mort blanche
Le contact entre les premiers arrivants russes et les autochtones fut à l’origine de toute une série d’épidémies dont l’histoire a gardé peu de traces car les nouveaux arrivants ne rentraient pas dans les zones contaminées. Variole, peste et peut être grippe sont souvent citées, sur la base d’anciens témoignages interprétés de façon médicale par les ethnologues et les exilés politiques du 19e siècle. Une maladie qui sévit de façon endémique au 20e siècle est pourtant bien arrivée elle aussi précocement avec les premiers voyageurs et explorateurs : la tuberculose. Elle est due à un bacille dont la signature génétique varie suivant les souches. Sur la base d’analyses on peut ainsi distinguer une tuberculose d’origine africaine, européenne, asiatique. Ici, elle est européenne, comme ceux qui l’introduisirent, en Iakoutie. Tuant les sujets en quelques mois ou quelques années, elle semble avoir moins marqué les esprits car elle n’est jamais citée. Si la forme pulmonaire est bien connue, c’est sa forme osseuse que les anthropologues repèrent le plus facilement. Ce fut le cas sur presque tous les sujets du début du 18e siècle que nous avons fouillé en Iakoutie centrale, jamais sur ceux postérieurs. Cette fréquence étonnante signe une phase épidémique de la maladie, celle qui sévit dans une population vierge où tous seront atteints mais où tous ne mourront pas. Ceux qui survivront auront une descendance plus résistante ce qui amènera l’instauration au cours du temps d’une phase endémique (cas isolés) de la maladie. A Verkhoïansk, sur les onze sujets que nous avons fouillés, les trois datés de la fin du 17e et/ou du début du 18e ne présentent aucun signe de la maladie. En revanche, un enfant de trois ans et un adulte de la fin du 18e siècle sont porteurs de nombreuses lésions de tuberculose osseuse. Hasard ou signe d’une diffusion plus tardive de la maladie, de « la mort blanche », dans ces contrées du nord ?
EC, AG
Il y a un moment
que j’aurai aimé partager entre tous avec les étudiants ou mieux encore avec
des élèves de collège que je me serais vu confier pour des travaux pratiques
grandeur nature. Il aurait éveillé en eux un intérêt à vie pour la biologie,
voire une passion pour la paléontologie. Ce moment a égaillé notre dernier jour
sur l’Adytcha en attente des bateliers puis du retour vers Batagay, Iakoutsk et
Les prix flambent au pays du mammouth. Nous décidons, en suivant le
fleuve, de rejoindre à pieds la fameuse île qui apparait finalement séparée de
notre berge que par un mince filet d’eau ; nous sommes en fin de la période
d’étiage. Si les ossements sont nombreux sur l’ile, ils sont des milliers sur
plus de
EC
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