Euros, roubles et dollars
Qui aurait pu croire « avant la crise » qu’un archéologue, passionné des circuits économiques entre l’Europe et la Sibérie aux XVIIe et XVIIIe siècles, mais totalement ignorant de l’économie actuelle, serait un jour pris d’un intérêt anxieux pour les cours de la bourse ? Plus grave et honteux, quel citoyen vertueux et défenseur de l’Europe aurait pu penser en plein cœur de la crise convertir ses faibles économies en dollars ? Vous avez là les pires extrémités (d’après de nombreux amis férus d’économie je serai un tendre naïf) auxquelles la crise de l’euro au printemps nous a conduits.
Laissez-moi vous expliquer ce qu’un élève de CM1 comprendrait, ce qui
collerait pour peu que ce soit posé de façon un peu tordue (il semblerait d’après
mon collègue toulousain Antibi, auteur de «La constante macabre » que ce soit
plus souvent le cas qu’on ne le pense) 50% des étudiants de L1 (en biologie) et
que j’ai compris assez vite (n’allez pas croire que mes chevilles gonflent)
mais réalisé assez tardivement (vous constatez à quelle vitesse elles peuvent
dégonfler) et ce qui fit notre désespoir ce printemps et hypothéqua l’été. L’an
dernier, durant l’été 2009, pour un euro nous avions 45 roubles à Moscou, un
peu moins à Iakoutsk et nous réglions nos dépenses en roubles. Au pire de la
crise, au printemps 2010, c’est moins de 33 roubles pour un euro que nous
pouvions espérer et il fallait envisager de régler certaines dépenses en
dollars. Je vous épargnerai le cours de ce dernier, sous peine de voir un
pourcentage inimaginable de lecteurs, écœurés par la difficulté du problème et
ma volonté d’étaler mes connaissances en maths, quitter définitivement ce blog.
Le résultat, non pas de la règle de trois, mais de la totalité de l’opération
financière fut un affolement, non des marchés, mais de l’équipe, et une vue à
la baisse de nos ambitions. Malgré des prévisions dignes de Wall Street et
destinées à calmer nos angoisses, les cours du rouble, du dollar et de l’euro
restent un sujet d’actualité pour nous. Nous aurions actuellement 37 roubles
pour un euro à Iakoutsk , mais le prix de l’heure d’hélicoptère aurait
augmenté…Beau sujet de réflexion que je soigne (avant de me coucher) avec un
armagnac – réglé en euros-.
EC