Alors on en est où ?
Devinez pourquoi chaque année vers début juillet je suis pris d’un flegme tout britannique ? L’abondance des réunions de fin d’année universitaires n’incite guère au flegme, sauf si la prise de Lysanxia va de pair ; quant à l’idée de partir loin de chez soi dans quelques jours, sauf en cas d’instance de divorce, elle est même stressante. En effet, à peine êtes-vous parti que votre ponton de pêche a généralement une fâcheuse tendance à rester sur la Garonne mais à trois kilomètres de son emplacement habituel (le mascaret est parfois puissant en août), et femme et enfants à se retrouver les pieds dans l’eau, non pas à la mer mais dans votre cave, les canalisations supportant mal la chaleur de l’été. Tout cela n’est bien évidemment que broutilles pour l’Indiana Jones en herbe et le mari imparfait que vous êtes, mais je connais bien des collègues dont le voisin venu aider à vider la cave est finalement resté pour s’occuper d’autres tâches familiales a priori plus intéressantes.
Bref, il n’est pas bon pour le moral de
s’absenter de chez soi, surtout l’été. Pour autant en ce courant de juillet,
face à la mer ou à la montagne, quelques rasades de rosé pétillant (à midi) ou
un armagnac de fin de repas (le soir) viennent facilement à bout de ces idées
noires. Non, ce flegme est la seule façon que je connaisse d’éviter l’ulcère
d’estomac lié à la gestion de l’incertitude administrative. Que vous vous y
preniez en janvier ou en avril (après c’est trop tard et vous n’y pourrez plus
rien), vingt jours avant votre départ vous êtes toujours en attente des visas
qui nécessitent des autorisations spéciales, votre collègue russe vous assure
que l’autorisation de fouille, sans quoi rien n’est possible, « arrivera
certainement à temps», quant aux billets d’avion pour la dernière partie du
trajet, « ils vont être pris sous peu ».
Tout organisateur de voyage normalement constitué et ayant le sens de l’honneur
se serait fait Hara Kiri ou, plus conforme aux normes actuelles, aurait déjà
fui aux îles Caïmans. Mais voila, vous n’êtes pas « organisateur de voyage » et
ce pseudo flegme vous permet de téléphoner une à deux fois par jour à vos amis
et collaborateurs proches ou lointains,
et de leur demander comme si de rien n’était, « alors on en est où ? ».
EC
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