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20/08/2010 |

La fin d’une controverse

Je vous écris de Sibérie d’une cabane aux planches non jointives. Elles laissent passer l’air. Le poêle ronfle, je suis au coin du feu. Il fait bon. La fouille de ces trois derniers jours fut si prenante que l’équipe passionnée resta de 8h à 20h sur le terrain. Si vous ajoutez la marche de retour de plus d’une heure, un bain dans la Yana par ceux qui pensent fonder le swimming club de  Targana, puis un repas à la ferme à base de crème fraiche maison et de poulain bouilli arrosé d’une bière bien gagnée, votre rédacteur ne peut se mettre à écrire avant un moment où la température s’approche de zéro. Elle nécessite le transfert vers la cabane, la rédaction depuis un sac de couchage étant un sport guère prisé par ceux qui portent des lunettes. Tel le capitaine Haddock dans un album que je vous laisse découvrir, le dilemme est en effet « le micro ; dans ou en dehors du sac de couchage ? ». Si la première position vous laisse les mains au chaud mais demande à l’écran de s’éloigner pour les presbytes –difficile dans un sac sarcophage-, la seconde vous donne très rapidement froid aux mains.

Nous avons dès le second jour trouvé ce que nous étions venu chercher. George chance. Chance phénoménale mais il en faut en archéologie (et dans la vie aussi). Comme bien souvent, cette chance avait été préparée par la reconnaissance de l’an dernier. Reconnaissance qui avait trouvé la tombe qui nous avait valu la marche du premier jour. Reconnaissance qui lors du sondage jusqu’au coffre, avait mis au jour une perle bleue du 17 siècle énigmatique. Comment avait-elle pu arriver au dessus d’un coffre qui paraissait intact?

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Après les décapages préliminaires et autres enregistrements que je vous épargnerai, nous arrivâmes sur un grand coffre dont les planches mal équarries nous firent déprimer. Elles annonçaient selon nos critères (mis au point à 800 km d’ici) une tombe chrétienne. Nous ne nous étions pas encore remis du semi échec de la veille et notre imagination nous renvoyait à des cauchemars peuplés de tombes récentes. L’ouverture fut tout aussi déprimante car à la place des corps gelés attendus nous trouvâmes de la terre (les archéologues disent du sédiment) manifestement infiltré entre les planches, guère plus jointives que celles de la cabane dont je vous écris. Afin d’accélérer la fouille avec un aspirateur et d’en finir rapidement, nous fîmes venir  un groupe électrogène loué à un fermier du hameau. A l’exception des dames qui furent ravies de partager avec lui  la barque qui amena l’engin sur les trois quarts du trajet, avant d’être porté par les malabars de l’équipe, cette location créa plus d’énervement à Bernard  (qui s’en était chargé) que d’améliorations techniques. Pour des raisons inexpliquées, l’allumage était mort à l’arrivée…Nous fouillâmes donc à l’ancienne avec truelles, pinceaux et outils de dentiste jusqu’à ce que nous miment au jour une fille et un garçon, d’environ 15 à 16 ans chacun,  en partie gelés, déposés vers le début du 18e siècle comme les objets et les parures que nous découvrîmes de plus en plus nombreux à mesure que le dégagement se poursuivait nous l’indiquèrent. La poursuite de la fouille fut bien plus passionnante que ces premières observations qui attestent cependant que les iakoutes étaient déjà là dès les débuts du 18esiècle, ce qui met fin à une controverse vieille de plus d’un siècle.

EC






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