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30/03/2014 |

LE MONTREUR D'OURS POLAIRE

Bicep2 vient d’annoncer avoir mis en évidence des ondes gravitationnelles primordiales. On connaît moins Polarbear, « l’autre » expérience qui fait dans les ondes gravitationnelles primordiales, et vient de son côté de faire la première détection directe des modes-B de la polarisation du fond diffus cosmologique aux petites échelles angulaires. Polarbear est un radiotélescope installé sur le plateau de Chajnantor au Chili, à 5200 m d'altitude, un des plus hauts télescopes du monde, à côté de l'observatoire ALMA. Il fonctionne depuis 2012 et son objectif est de détecter et caractériser un nouveau signal cosmologique, les modes B en polarisation du rayonnement fossile. A noter : la seule équipe en France qui travaille sur Polarbear, est au laboratoire APC, dirigée par Radek Stompor.

Josquin Errard est un jeune chercheur qui travaille à Berkeley sur Polarbear. Il insiste sur le fait que la première saison d'observation n'a pas consisté à faire une mesure de l'univers primordial, mais plutôt une mesure des propriétés des grandes structures (amas de galaxies, filaments de matière noire, etc.). Polarbear se sert du fond cosmologique qui est déformé par ces grandes structures pour obtenir des informations sur la PolarBear-xsphysique gouvernant leur formation, en particulier la masse totale des neutrinos ou encore l'équation d'état de l'énergie noire.
Polarbear, à l’instar de Bicep2, est complémentaire du satellite Planck qui a regardé le ciel dans sa totalité alors que les deux expériences au sol observent de très petites régions du ciel, mais beaucoup plus profondément. Un des objectifs de Polarbear est de nettoyer les effets de lentilles gravitationnelles de ses données, afin d'accéder à l'univers primordial – toutefois, il s'agit pour l'heure de mesures avec un niveau de confiance encore assez faible. Le rôle de Josquin dans la collaboration Polarbear, consiste à faire les cartes à partir des données temporelles qui viennent du télescope. Il travaille par ailleurs sur les prévisions scientifiques à plus long terme : quoi faire à l'avenir avec les données du CMB, compte tenu des performances des instruments qui seront opérationnels dans cinq ou 10 ans ?

Josquin se sent bien à Berkeley : « Je suis arrivé il y a un an et demi et je vis très bien ici. La vie en Californie et très agréable. J'avais déjà eu l'occasion auparavant de faire un stage à Berkeley et j'étais tombé amoureux de cet endroit. Au début, on est quand même un peu perdu : on sort de la thèse, qui est une période très intense, on n'a pas le temps de souffler et il faut entrer dans une nouvelle vie avec de nouveaux projets scientifiques, dans un pays complètement différent. Mais la douceur de vivre permet de s'adapter très vite en fait. Une belle recherche, de belles rencontres… C'est bien ».

Après une thèse de doctorat à APC en cosmologie observationnelle, sur des simulations théoriques, il est parti à Berkeley comme post-doctorant, pour faire l'analyse et l'exploitation scientifique des données obtenues avec Polarbear. Il est installé au Computational Cosmology Center (C3) qui analyse les grands volumes de données de cosmologie observationnelle pour en extraire des informations sur la physique gouvernant notre Univers.

« À Berkeley, j'ai trouvé une façon de travailler assez différente de la France : entre travail et famille, il reste peu de place pour les relations d'amitiés qu'on peut parfois tisser entre collègues chez nous. EBerkn France, mes meilleurs amis étaient des collègues, ce qui n'est pas le cas là-bas où je ne me suis pas vraiment fait beaucoup d'amis au labo … Prendre un café ensemble après le déjeuner ou une bière après le travail, ça n'existe pas vraiment. Je me suis quand même fait des amis par ailleurs, et je suis très heureux à Berkeley. La vie et les gens sont plus calmes, plus détendus, moins stressés. »

« J'ai la possibilité de faire une année de plus à Berkeley et bien que j’y sois très bien, je commence à avoir envie de revenir. Je vais voir… Je suis maintenant entré dans la spirale infernale bien connue des chercheurs, celle des concours du CNRS … C'est d'autant plus difficile qu'on est en compétition avec les gens de notre génération, on se connaît tous, et beaucoup sont des amis … »

En chevauchant une onde gravitationnelle, Josquin ne devrait pas tarder à retrouver la recherche en France...

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