Ca y est : la coiffe d'Ariane 5 vient de se refermer sur Herschel, Planck, et SYLDA (une sorte de cloche dans laquelle est posée Planck, puisque Herschel est situé au-dessus dans la coiffe (voir schéma). Le lanceur a été déclaré "bon pour le service", et le calendrier est scrupuleusement respecte. Demain matin, le lanceur et sa précieuse cargaison seront amenés sur le pas de tir.
Il y aura quelques tests demain de vérification de "bien-être" de Planck, une fois sur le pas de tir, histoire de vérifier une dernière fois que tout fonctionne avant le lancement.
Inutile de préciser que le stress monte dans les labos. Nos collègues sur place à Kourou nous envoient de bonnes nouvelles (et le rhum y est bon, parait-il). Comme l'indiquait Marian, nous nous occupons aussi des aspects festifs du lancement ici a Orsay, afin que tout le personnel partage nos espoirs, notre angoisse, puis notre première phase de soulagement (car le lancement n'est qu'une étape).
Pour revenir a l'instrument Planck/HFI, c'est une sorte de camera composée d'une cinquantaine de détecteurs, des bolomètres refroidis. Pourquoi des bolomètres ? Parce que ce sont des détecteurs ultra-sensibles au rayonnement millimetrique, domaine que Planck HFI observe.
Le principe de fonctionnement est le suivant: un photon arrive sur le bolomètre, qui absorbe l'énergie en s'échauffant un peu. On mesure cet échauffement grâce a la variation de résistance. Pour un fonctionnement optimal de ce système de détection, il est nécessaire de travailler à très basse température, ici 100 mK (ou 0,1K ou environ -273C).
Le défi technologique a donc consisté à développer un système de refroidissement performant permettant d'atteindre ces températures (et de manière stabilsée, car il n'est pas question d'avoir des variations qui contamineraient la mesure), mais aussi permettant de fonctionner dans l'espace, c'est-à-dire sans gravite, avec un faible encombrement et masse, avec une fiabilité exceptionnelle, et surtout qui résiste aux fortes vibrations du lancement.
Pour répondre à un commentaire du blog, ce système n'a donc rien a voir avec un refroidissement plus classique, de type LHC (même s'il est unique par sa taille), qui utilise, je crois, de l'hélium liquide a 4K pour refroidir des tonnes de détecteurs. Planck HFI utilise 3 systèmes de réfrigération, et le plus critique (celui qui permet de descendre de 4K a 0.1K) utilise le principe de la dilution hélium 3 hélium 4. Ce système unique au monde, permet de refroidir efficacement un petit volume, dans une manip spatiale, en autonomie complète et dans un environnement hostile, sans possibilité d'intervention.
Bien que confiant, je peux assurément écrire que nous stressons tous beaucoup avant le lancement !