Ca y est ! Dans trois jours, Planck s´envole.
Tant d'années à le voir grandir et le voici sous la coiffe d'Ariane 5. Les photos du satellite au sommet de la fusée sont impressionnantes. C'est peut être le moment le plus frustrant et le plus excitant de la mission. Frustrant, car le satellite n'est plus entre les mains expertes de nos ingénieurs, mais seul à attendre le départ pour le point de Lagrange L2 (à environ 1,5 millions de km de la Terre et à l’opposé du Soleil). Excitant, car nous avons tous les trois rêvé de le voir s'envoler depuis plus de 10 ans.
Le lancement de Planck, initialement prévu le 16 avril, a été reporté
trois fois, ce qui a augmenté notre impatience. On lance de nos jours
de nombreux satellites et du coup on ne se rend plus vraiment compte
de la complexité de cette tache et de ses enjeux. Dans notre cas à
nous, scientifiques, l'enjeu est qu'Ariane-Espace réussisse le
lancement de deux satellites de l'agence spatiale européenne (ESA) : Planck, qui observera le rayonnement fossile reliquat du big-bang et
Herschel, l'observatoire spatial infra-rouge et submillimétrique.
Nous trois, attendons avec impatience les données que va recueillir Planck dans les prochaines années. Nous travaillons tous trois à l'Institut d'Astrophysique Spatiale (IAS), le laboratoire responsable et maître d'œuvre de l'instrument phare de Planck : HFI (High Frequency Instrument ou instrument haute fréquence).
C'est à l'IAS, pas très loin de nos bureaux, que Planck-HFI est né. La légende dit qu'il est issu de discussions entre Jean-Loup Puget de l'IAS (Principal Investigateur de HFI = responsable scientifique), Jean-Michel Lamarre du LERMA et feu Richard Gispert de l'IAS. D'autres légendes doivent certainement circuler sur la naissance de Planck. Une chose est sure, aucun de nous trois n'étions présents ! Il a fallu plus de 15 ans pour transformer une idée en un satellite en "chair et en os". Cette réalisation orchestrée par Jean-Loup Puget et l'IAS a été faite avec l'aide de nombreux laboratoires français (ILN, IAP, LAL, CESR, SAp-CEA, SPP-CEA, APC, LPSC, LERMA) soutenus par le CNRS et le CNES, et "étrangers" (USA, Canada, Royaume Uni, Allemagne, Espagne, Danemark, Pays-Bas, Irelande).
C'est une émotion particulièrement forte et partagée avec de nombreux membres de l´IAS qui nous anime à quelques jours du lancement de ce bijou de haute technologie que certains d'entre nous appellent "petit-HFI" ou "bête de course".
Rédigé par : Fred | 11/05/2009 à 12:23
Vous devez être stressé à l'heure qu'il est. Vous dites qu'aujourd'hui on ne se rend plus trop compte de la complexité et des enjeux des lancements de satellite. C'est-à-dire ? Pourriez-vous précisez dans le cadre de vos missions ?
Rédigé par : Halo7 | 11/05/2009 à 12:25
Bonjour et bravo pour ce blog ! Pourriez-vous précisez ce que vous attendez tous de ces satellites ? Une grande découverte dans les jours qui viennent ????
Rédigé par : Dédé | 11/05/2009 à 14:27
Bonjour.
Je suis un des ingénieurs "soutiers" qui a modestement ramé (et parfois veillé tard le soir) pour participer à la réalisation de certaines pièces, dont le miroir primaire de Herschel.
Savez-vous ? Les nombreux "soutiers" sont aussi fiers et émus que vous.
Rédigé par : Sarah | 11/05/2009 à 15:43
Vous parlez de photos impressionnantes, mais pouvez-vous nous en montrer ?
Rédigé par : Astroboy | 11/05/2009 à 16:18
Et que faites-vous en attendant le lancement ? Vous vous tournez les pouces, vous êtes à pied d'oeuvre à Kourou ou ailleurs ??
Rédigé par : marian | 13/05/2009 à 01:16
Bonjour à tous et merci pour vos commentaires. Nous essaierons d'y répondre au travers des prochains posts.