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20 mai 2012 | 

La ministre et son blog

Blog fioraso
Geneviève Fioraso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche dans le nouveau gouvernement de Jean-Marc Ayrault, est moins présente en librairie que son collègue de l’éducation nationale (voir notre précédent article). Elle a cependant signé ou co-signé des rapports parlementaires depuis son entrée au Palais-Bourbon en 2007 comme députée de l’Isère. Elle a été rapporteur pour avis des budgets sur l'industrie, l'énergie, le développement durable, la recherche technologique en 2009, 2010 et 2011, elle a rédigé en décembre 2008 avec Claude Birraux, député et Président de l'OPECST et Jean-Claude Etienne, sénateur, un rapport sur l'évaluation de l'application de l'article 19 de la loi de programme pour la recherche, elle est l’auteur du rapport de l'Opecst sur la biologie de synthèse en 2012. 

Son activité d’écriture s’exerce aussi sur son blog de députée dont elle poursuit l’activité depuis qu’elle est ministre (http://www.genevieve-fioraso.fr/). Nommée le 16 mai dernier comme l’ensemble du gouvernement, elle a commenté sur la toile sa nouvelle charge : 

« Je suis très honorée de la tâche que m’a confiée Jean-Marc Ayrault à la tête du Ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Je mesure les enjeux de ce domaine décisif pour le développement et l’avenir de notre pays.Je suis engagée depuis plusieurs années dans un travail collectif avec les acteurs du domaine, sur le pôle grenoblois comme au niveau national. Les orientations prises au Forum des Idées de l’Enseignement supérieur et de la recherche que j’ai présidé pour le PS en mai dernier se sont précisées pendant la campagne des présidentielles.François Hollande a mis la jeunesse au coeur de son projet. La vie étudiante, la réussite en premier cycle et l’orientation seront donc des axes d’action prioritaires.Depuis cinq ans, les universités, les organismes de recherche et tout leur personnel ont été bousculés par des changements insuffisamment concertés. Il est donc urgent de rétablir le dialogue en confiance. C’est le sens du discours fort prononcé par le Président de la République le jour de sa prise de fonctions, devant la statue de Jules Ferry, suivi d’un hommage à Marie Curie. Il a réaffirmé sa priorité pour l’école, l’Université, la recherche de la République  et sa confiance dans  un progrès partagé et durable en France et en Europe.Je m’inscrirai dans cet état d’esprit.16 mai 2012 ».

Le 19 mai, toujours sur son blog, elle rapportait l’état d’esprit de « Responsabilité et de rigueur » qui avait prévalu au premier Conseil des ministres.

Vincent Duclert

Photographie. La passation de pouvoir rue Descartes

17 mai 2012 | 

Un philosophe au ministère

Blog peillon
Depuis son entrée en politique et ses premières responsabilités au parti socialiste (1993, secrétaire du groupe des experts ; 1995, délégué auprès du premier secrétaire Lionel Jospin) aussi bien que ses premiers mandats (1997, député de la Somme), Vincent Peillon a poursuivi une carrière intellectuelle et scientifique en philosophie, dont il est agrégé et docteur (en 1992).

Sa thèse portait sur Maurice Merleau-Ponty ; il en a tiré un livre (La Tradition de l’esprit : itinéraire de Maurice Merleau-Ponty, Grasset, Paris, 1994). Sa bibliographie ne va pas cesser alors de grandir, avec un ouvage sur Jaurès philosophe (Jean Jaurès et la religion du socialisme, Grasset, Paris, 2000), une étude sur Pierre Leroux et le socialisme républicain, Le Bord de l’eau, 2003), une recherche sur la philosophie de Ferdinand Buisson (Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson, Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », 2010), une substantielle introduction aux Annales bergsoniennes édité par Frédéric Worms (tome 5, Bergson et la politique, PUF, 2011), ainsi qu’un essai sur la République et sa dimension philosophique (La Révolution française n’est pas terminée, Paris, Le Seuil, 2008) prenant le contre-pied de François Furet, et des Conversations républicaines (avec François Bazin, Paris, Denoël, 2011). Il est également l’auteur d’un Eloge de la politique : une introduction au XXIe siècle (Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », 2011).

La politique au quotidien, dans un parti réputé pour ses conflits de personnes et d’intérêts, ne lui a pas toujours permis de faire vivre ensemble ces deux directions philosophique et politique. Leur confrontation a pu passer cependant par des lieux qu’imagina aussi Vincent Peillon, sa collection de la « Bibliothèque républicaine » qui, aux éditions du Bord de l’eau, réédite avec de substantielles préfaces des classiques oubliés du XIXe siècle, ou bien l’Institut Edgar Quinet qui « mobilise les universitaires et les intellectuels les plus qualifiés pour qu’ils confrontent leurs réflexions avec les pratiques des élus » (http://www.edgarquinet.fr/delia-CMS/institut_edgar_quinet/topic_id-2/presentation.html).

L’arrivée de Vincent Peillon à la rue de Grenelle place donc résolument un philosophe devant ce défi toujours rappelé d’agir pour la chose publique selon les idées et les savoirs, en fonction d’une haute idée qui puisse être donnée de la politique.

Vincent Duclert

15 mai 2012 | 

Tous républicains!

Blog belot
Si l’institution du Président de la République n’appartient pas à la conception historique de la République fondée sur une notion parlementaire du pouvoir, la Ve République lui a donné une place considérable, exorbitante pour certains. Elle incarne cependant la République dans son lien avec les Français (le mode de scrutin de l’élection du Président de la République), avec la nation et avec l’Etat dont il est le chef. Le choix de François Hollande de devenir un Président « normal » sera à cet égard observé avec beaucoup d’attention. Les origines et la modernité des valeurs républicaines font l’objet, chez Armand Colin, d’un substantiel collectif dirigé par Robert Belot. Une occasion, aujourd’hui, de lire ou relire Tous républicains ! (coll. « Recherches », 317 p., 29 €) 

Vincent Duclert

13 mai 2012 | 

Jules Ferry et la République

La presse et les médias comme la Dépêche de Toulouse ont annoncé le 11 mai 2012 que le Président élu François Hollande fera suivre la passation de pouvoir au palais de l’Elysée de deux « gestes symboliques ».

« Le nouveau président de la République François Hollande rendra hommage mardi après-midi à l'ancien ministre de l'Education de la IIIe République Jules Ferry et à Marie Curie, prix Nobel de physique et chimie, a-t-on appris vendredi auprès de son équipe et de proches. A peine entré en fonction à l'Elysée, M. Hollande ira déposer une gerbe au pied de la statue de Jules Ferry, défenseur de l'école laïque au jardin des Tuileries. Il se rendra ensuite à l'Institut Curie pour rendre hommage à Marie Curie, a-t-on précisé de mêmes sources. [...] François Hollande a préféré lui rendre hommage à l'Institut Marie Curie pour ne pas mettre ses pas dans ceux de François Mitterrand qui en 1981 avait inauguré son septennat en allant se recueillir, dans ce temple des grandes figures du pays, une rose à la main qu'il avait déposée sur le cercueil de Jean Moulin. »

Précisons toutefois que Marie Curie est elle aussi au Panthéon désormais, depuis la décision du Président François Mitterrand d’y transférer ses cendres ainsi que celles de son mari Pierre, au cours de la cérémonie du 20 avril 1995, peu de temps avant la fin de son second septennat. La continuité est de mise dans les choix du nouveau Président de la République. Il est pourtant toujours utile de revisiter l’histoire de Marie Curie qui est aussi celle de l’intolérance de la République ou du moins de certaines de ses élites masculines et académiques. C’est ce que nous avons rappelé dans l’article d’hier (voir plus bas).

Blog ferry
Le choix de Jules Ferry pour porter le « geste symbolique » du nouveau président élu indique la priorité qu’il souhaite donner à l’école et à la politique scolaire durant les cinq prochaines années. Celui qui fut ministre de l’Instruction publique puis président du Conseil est considéré comme le père de l’école républicaine, honneur qu’il partage avec Ferdinand Buisson, longtemps directeur de l’enseignement primaire et chargé à ce titre de la conception et de l’application des principales lois scolaires. Vincent Peillon lui consacra un bel essai en 2010, Une religion pour la République. La foi laïque de Ferdinand Buisson (Paris, Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », 293 p., 19 €).

Blog gaillard
Entre Jules Ferry et François Hollande existe aussi une histoire de livre et de fidélité. L’un de ses plus proches amis, Jean-Michel Gaillard, disparu en 2005, et qu’il avait connu au cabinet de Max Gallo, porte-parole du gouvernement en 1983, est l’auteur de la biographie de référence du grand homme. Elle parut en 1989 aux éditions Fayard, dans la série des biographies historiques qui fait la réputation de cette maison. François Hollande est en pays connu avec Jules Ferry. La difficulté résidera cependant pour lui dans la nécessité de se garder du mythe et d’accepter l’autre volet de la politique ferryste, la colonisation dont il fut le grand promoteur et qui l’amena à se heurter vivement à Georges Clemenceau.

Voici un rappel de l’action de Jules Ferry à la tête du ministère de l’Instruction publique et du gouvernement de la République.

Vincent Duclert

 

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12 mai 2012 | 

Marie Curie, un « geste symbolique » de François Hollande

Blog curie

En février 2011, La Recherche avait commémoré le centenaire du second prix Nobel de Marie Curie, obtenu en chimie pour la découverte du radium et du polonium, par un numéro des Dossiers de la Recherche qui lui était dédié. Nous proposons ci-dessous une version augmentée de l’article que nous avions publié sur les relations de la République avec cette femme et savante hors-du-commun. Des relations, on le verra, loin des images d’Epinal qui parsèment la mémoire nationale. Si Marie Curie « représente les valeurs de la République » comme a bien voulu le déclarer le directeur de l’Ecole nationale d’administration, en conclusion de la journée d’étude « Marie Curie » (pour la promotion du même nom) le 10 juin 2011 à Strasbourg, il faut bien reconnaître que cela résulte surtout d’un long combat pour faire accepter la première à la seconde. Rien n’a été acquis pour Marie Curie comme l’évoque le texte ci-dessous.

Demain, suite de la « déambulation » présidentielle dans l’histoire de France, avec Jules Ferry, seconde figure choisie par François Hollande pour la journée républicaine du 15 mai 2012.

 

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11 mai 2012 | 

Repenser l'économie

Blog repenser
Repenser l’économie est une obligation depuis que la crise financière a remis en cause la science économique. La revue Regards croisés sur l’économie a demandé aux jeunes économistes couronnés par le prix le Monde/Cercle des économistes de contribuer à cette réflexion en exposant les implications concrètes de leurs recherches sur les politiques publiques. Dirigé par François Geerolf et Gabriel Zucman, l’ouvrage Repenser l’économie réunit une quinzaine de ces jeunes (et moins jeunes mais toujours jeunes) économistes, sous la forme d’entretiens parfois. Sa lecture est stimulante. Pierre-Cyrille Hautcoeur se demande ainsi, pour la question des crises financières, « à quoi sert l’histoire ? ». Il plaide pour une meilleure régulation des marchés qui limite les pratiques prédatrices et accroît la résilience des Bourses face aux chocs « Cette leçon, démontrée par Fernand Braudel dans la très longue durée pour des marchés très divers, reste actuelle et peut-être plus que jamais nécessaire ». (La Découverte, coll. « Cahiers libres », 200 p., 14 €).

Vincent Duclert

 

09 mai 2012 | 

Les révolutions morales

Blog honneur
Professeur de philosophie à l’université de Princeton, Kwame Anthony Appiah a étudié plusieurs événements, la mort du duel en Angleterre, l’abandon du bandage des pieds en Chine, la suppression de la traite négrière atlantique, ou la résistance à la longue guerre contre les femmes, pour concevoir la notion de « révolution morale » résultant d’une transformation profonde du comportement moral et pas seulement des sentiments moraux. La clef réside dans l’honneur, ressort de ces révolutions de la conscience individuelle et collective. « Un sursaut de morale empêchera des soldats d’attenter à la dignité humaine de leurs prisonniers et les conduira à condamner les actes de ceux qui se comportent autrement. Et ce même genre de sursaut permettra aux femmes qui ont été ignoblement abusées de comprendre que leurs agresseurs méritent un châtiment. [...] Il faut un sens de l’honneur pour se sentir impliqués par les actes des autres. Il est également nécessaire d’avoir le sens de votre dignité pour insister, contre vents et marées, sur votre droite à la justice dans une société qui l’offre rarement aux femmes sans qualités. »

Traduit par Jean-François Sené, Le code de l’honneur. Comment adviennent les révolutions morales, montre l’importance de l’histoire pour la philosophie politique et démontre l’universalité de l’exigence de dignité (Gallimard, coll. « NRF », 271 p., 25 €).

Vincent Duclert

 

07 mai 2012 | 

Le Président et les livres

Blog H reve
Elu le 6 mai 2012, François Hollande a publié au cours de sa longue campagne deux ouvrages largement présents en librairie. Le premier, Le Rêve français, paru aux éditions Privat en août 2011, à la veille de l’université d’été du parti socialiste à La Rochelle, rassemble ses discours depuis celui de Lorient, le 27 juin 2009, intitulé pour ce livre : « On les appellera des socialistes ». Ces discours sont précédés d’un long entretien avec le candidat, pas seulement en vue des primaires socialistes mais aussi sur sa vision de la gauche, de la France et du monde (287 p., 9,90 €).

Blog h des
En février 2012, en pleine campagne présidentielle, François Hollande publiait un livre personnel et politique, Changer de destin, aux éditions Robert Laffont (169 p., 9 €). Il se concluait par un chapitre reprenant le slogan du candidat, « Le changement, c’est maintenant ».

Blog H droit
Ces deux livres, on s’en souvient peu, ont été précédés d’un troisième *, un livre d’entretien réalisé avec le journaliste politique Pierre Favier après le départ de François Hollande de la direction du Parti socialiste (Le Seuil, 2009, 398 p., 20 €). Il y revenait longuement sur son action, et évoquait, brièvement, l’avenir qu’il souhaitait se donner, servir d’abord les Corréziens mais sans exclure non plus d’autres responsabilités. Celles-ci devaient passer par de nouvelles expériences, un parcours très différent, une réflexion mise en avant, en direction des Français à nouveau. « J’ai à nouer une autre relation avec les Français autour d’une conception de l’Etat, de la politique, avec une claire vision de la France dans cette sortie de crise, avec des solutions que je porterai dans les mois à venir et qui tiennent moins des réponses à tout que d’une somme limitée de choix sur l’essentiel. » En une phrase claire, mais à laquelle peu de gens à l’époque prêtèrent attention, François Hollande se déclara : « là où je suis, je me prépare ».

Moins que François Mitterrand, plus spontanément peut-être aussi, François Hollande aime les livres. Il l’a rappelé dans son entretien du Rêve français. Et il n’oublie pas, dans les livres, « tous celles et ceux qui permettent qu’il existe, des éditeurs aux lecteurs. J’ai aussi une pensée particulière pour les libraires, les bibliothécaires ». L’une des premières mesures de son gouvernement devrait être d’abroger la hausse de la TVA décrétée dans ce secteur sous l’ancien quinquennat, et qui avait bouleversé des libraires déjà très fragilisés.

Vincent Duclert

 

04 mai 2012 | 

Les Français et la justice sociale

Blog galland
La clef des élections présidentielles réside dans la capacité d’un candidat ou d’une candidate à percevoir et comprendre les valeurs des Français. Une enquête collective s’y est intéressée. Ses résultats ont été publiés il y a quelques mois aux éditions Armand Colin. Dirigé par deux sociologues du CNRS, Les Français face aux inégalités et à la justice sociale (coll. « Sociétales », 280 p., 23, 20 €) a voulu combler une lacune dans la connaissance des inégalités souvent étudiées par les sciences sociales : « on continue souvent aujourd’hui d’aborder la question du "lien social", comme on dit à présent, sans même que la question de la justice ne soit soulevée. Les inégalités sont disséquées avec minutie, mais le lien empirique avec la justice est absent ». Même si la liaison entre justice et égalité n’est pas « une question simple », on mesure l’effort des auteurs pour étudier « les sentiments de justice » dans la société et sa tension vers l’équité.

Vincent Duclert

 

01 mai 2012 | 

Sur le syndicalisme

Blog febvre
En période électorale, l’acuité politique du 1er mai est toujours plus forte. On en a eu un bel exemple cette année avec, au cœur des controverses droite/gauche, la question des syndicats et de leur politisation. Présentées par Jean Lecuir, des conférences inédites sur le syndicalisme de l’historien Lucien Febvre, datant de 1919 et 1920, ont été publiées par la revue Le Mouvement social. Même si les préoccupations des lendemains de la Première Guerre mondiale paraissent bien éloignées de celles des temps présents, des thèmes méritent réflexion dont l’autonomie affirmée de la CGT à l’égard du parti socialiste SFIO et le fait que le clivage entre réformistes et révolutionnaires passait à l’intérieur des deux organisations (éditions La Découverte, n° 238, 16 €).

V.D.