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juillet 2013

14 juillet 2013

Jean Moulin

Blog moulin
Alors que les troupes françaises ont défilé aujourd'hui sur les Champs-Elysées pour la fête nationale, un anniversaire a remémoré l’ « armée des ombres », celui du soixante-dixième anniversaire de la mort de Jean Moulin, le 8 juillet 1943. Un album co-édité par Tallandier et le Ministère de la Défense (DMPA)* propose un beau portrait de l’homme qui fut tour à tour et en même temps artiste, préfet et résistant. Les auteurs, Christine Levisse-Touzé et Dominique Veillon rappellent, en s’appuyant sur des documents iconographiques rares, comment Jean Moulin fut dès son plus jeune âge attiré par l’art et la création. C’est au retour de la Première Guerre mondiale, où il avait été mobilisé le 17 avril 1918 avec la classe 1919 (il partit fin septembre pour le front dans les Vosges, pour participer à la grande offensive que Foch avait prévue le 13 novembre), qu’il fut à la fois « fonctionnaire et artiste » à Béziers, la ville qui accueillit ses premières années de formation. Ce livre se découvre comme une véritable exposition Jean-Moulin, un hommage nécessaire. 

Vincent Duclert

*préface de Jean-Pierre Azéma, postface de Daniel Cordier, 192 p., 31,90 €.

05 juillet 2013

L’intégration des jeunes. La République révélée ?

Blog ivan
Paru initialement en 2002 sous le titre Les enfants de la République, le nouveau « Point Histoire » du Seuil, L’intégration des jeunes. Un modèle français XVIII-XXIe siècles (357 p., 9 €) consacre une étude pionnière de l’historien Ivan Jablonka sur les jeunes dans la République. Celle-ci a considéré les jeunes, surtout ceux mal nés et mal élevés, comme des dangers pour l’ordre social. A la souffrance qu’ils ont endurée dans leur enfance s’ajoute alors celle qu’exerce sur eux l’Etat, « pour faire disparaître en eux la moindre anomalie, explique le chercheur. C’est une mission et un honneur : l’être en souffrance finira citoyen », au prix d’une grande violence (d'autant plus forte qu'elle est légale) et d’une perte d’identité. L’un des problèmes majeurs de la citoyenneté républicaine est d’avoir posé que l’identité sociale et l’identité intime menaçaient les fondements mêmes de la société politique. L’enfant illégitime et rebelle croise ainsi une double hostilité nourrie par les élites républicaines, la catégorie de jeunes et la classe dangereuse. Pour les filles, c’est pire encore puisque longtemps elles ne pourront même pas accéder à la citoyenneté et, à cette occasion, reconquérir un peu d'existence voire imaginer retrouver cette identité perdue.

Ivan Jablonka ne voit d’évolution qu’à travers la loi, quand l’Etat (et le pouvoir politique) décide que le jeune ne relève plus d’un groupe particulier : « c’est celui au sujet duquel on ne légifère plus, c’est celui que l’Etat ne distingue plus en tant que tel, parce qu’il relève du régime commun ». C’est un bien, et en même temps le basculement dans l’inconnu, car « l’assimilation n’est pas un état objectif et mesurable ; elle est une absence de loi, c’est-à-dire un vide de définitions, de questions, de réponses ; elle est le silence autour de soi ». C’est alors que le social reprend sa domination, avec toute la dureté, la cruauté, qu’il exerce sur ceux qui n’ont pas tous les codes, qui sont des survivants jamais libérés d’une souffrance originelle.

On le comprend à travers cette brève analyse de L’intégration des jeunes, le livre dépasse de beaucoup son objet, pour réfléchir à ce que signifie entrer dans la norme d’une société, par la volonté d’un système politique qui aurait pu, aussi, considérer la richesse de la dissidence, de la différence. Cette grande étude aborde l’immense question de l’articulation, dans la République, de la citoyenneté, de la société, et de la personne. Là où je diverge de l’auteur, c’est dans la modestie avec laquelle il pose le travail du chercheur. Ce n’est, dit-il, ni ce dernier ni a fortiori le jeune lui-même qui décide s’il est assimilé. C’est l’Etat. Je ne le pense pas, et Ivan Jablonka non plus, probablement, simplement parce qu’il s’est employé à écrire ce livre, dans la conviction que le savoir et sa transmission avaient du pouvoir sur les déterminismes, du pouvoir politique.

Vincent Duclert
04 juillet 2013

Géographie d'une puissance émergente

Blog bazin
Un géographe, professeur émérite à l’université de Reims, Marcel Bazin, et un démographe spécialiste de l’immigration turque, Stéphane de Tapia, se sont associés pour élaborer une géographie de la Turquie approchée comme « une puissante émergente » (Armand Colin, coll. « U », 335 p., 30,50 €). Les questions urbaines y sont très présentes, à travers le face-à-face des « deux capitales » et la structuration des quartiers entre « Turcs blancs » au mode de vie européen, aux aspirations de plus en plus démocratiques, et les « Turcs noirs », cœur de l’électorat du parti majoritaire islamo-conservateur de l’AKP, regroupés autour du très autoritaire Premier ministre.

Les événements d’Istanbul ont confirmé l’importance politique de la question urbaine.

Menacé de destruction par la volonté du parti AKP et de la municipalité d’Istanbul, le parc Gezi d’Istanbul avait été occupé pendant plus de quinze jours par des manifestants de la société civile dénonçant l’autoritarisme du Premier ministre, le recul des libertés individuelles et publiques, l’usage constante de la violence – laquelle fut effectivement employée contre eux durant la nuit de terreur du 15 juin. La réaction du pouvoir n’avait pas attendu la décision des tribunaux sur la légalité de la décision de destruction.

La veille de la répression implacable des manifestants, le Premier ministre Erdogan avait déclaré devant ses partisans que son gouvernement islamo-conservateur respecterait la décision finale de la justice dans ce dossier. A l’époque, il connaissait cette dernière, rendue dès le 6 juin par la 1ère Cour administrative : elle avait justifié son annulation, susceptible d'appel selon certains observateurs, par le fait que la « population locale » n'avait pas été consultée sur ce projet. Ce qui était bien le problème et avait justifié l’occupation pacifique du jardin mitoyen de la grande place de Taksim.

Plusieurs journaux turcs ont rapporté hier mercredi l’information.

 La Cour a argumenté son jugement par le fait que « le plan directeur du projet viole les règles de préservation en vigueur et l'identité de la place et du Parc Gezi », qui la borde, selon le jugement cité par les quotidiens Zaman et Hürriyet.

Le collectif « Solidarité Taksim » qui représente les manifestants et est composé notamment des chambres d'urbanistes et d'architectes, a vivement salué le jugement de la Cour, affirmant que celle-ci a conclu que le « projet de caractère illégal n'est pas d'intérêt public ».

« Cette décision a prouvé la légitimé de la lutte menée par notre peuple », indique un communiqué du collectif. « La légitimité du combat le plus massif de l'histoire de notre peuple pour la démocratie, la cité et les droits de l'homme a été confirmé une nouvelle fois par une décision de justice », souligne le texte.

Selon des estimations de la police, quelque 2,5 millions de personnes sont descendues dans la rue de près de 80 villes pendant trois semaines pour exiger la démission du Premier ministre Erdogan, accusé de dérive autoritaire et de vouloir « islamiser » la société turque.

Ces manifestations sans précédent ont fait quatre morts et près de 8.000 blessés, selon l'Association des médecins.

Vincent Duclert (avec l’AFP).

01 juillet 2013

Du vert,... et du bleu

Blog véron
Marieke Joly, éditrice aux éditions La Découverte, m’indique que le vert adopté par la collection « Repères » désigne toute une nouvelle série centrée sur l’écologie. Elle a accueilli notamment l’ouvrage de Jacques Véron, Démographie et écologie (128 p., 10 €).

Blog colonna
En complément de La comptabilité carbone d’Arnaud Brohé (plus bas), mentionnons la « leçon inaugurale du Collège de France » (dans la collection du même nom chez fayard, 114 p., 10,20 €) du biochimiste Paul Colonna, prononcée le 15 décembre 2011 : Le carbone renouvelable dans les systèmes alimentaires, énergétiques et chimiques.

V.D.