Le huit-centième ! Place à la flânerie dans l’écriture et les prairies
C’est le huit-centième billet du Blog des Livres.
Il est temps de songer à quelque brève vacance, pour goûter le temps de lire de bons ouvrages, et d’autre encore, avec une pensée particulière pour la ponctuation à laquelle Isabelle Serça, spécialiste de stylistique à l’université de Toulouse-Le Mirail, vient de consacrer un essai très réussi : Esthétique de la ponctuation, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 308 p., 23,50 €).
Le propos est lumineux. « Ecrire le temps, dit-elle, saisir le temps dans la forme que lui donne l’écriture ou comment toucher du doigt l’intangible en s’accrochant à ces prises minuscules que sont les signes de ponctuation. [...] Ce livre n'est ni un traité des signes de ponctuation en usage, ni un ouvrage sur la ponctuation à telle époque, dans tel genre ou chez tel auteur. C'est un essai qui pose la ponctuation comme un objet esthétique pour en faire la pierre de touche d'une expérience du temps dans l'écriture, tout particulièrement la prose romanesque : plaçant son objet au carrefour de plusieurs domaines, il les fait jouer ensemble en s'intéressant non seulement aux textes de Proust. Simon ou Gracq, mais aussi à des oeuvres d'artistes contemporains comme Parmiggiani ou Serra. C’est accorder un grand crédit à la ponctuation que de la poser comme un objet esthétique ; de même, en faire la pièce de touche d’une expérience du temps dans l’écriture nécessite quelques préliminaires pour justifier ce qui apparaît a priori comme une gageure. [...] Le parcours du lecteur de roman est alors rapproché in fine de celui du spectateur des installations de Richard Serra, celle du musée Guggenheim de Bilbao, The Matter of Time, ou celle qui a été proposée au Grand Palais en 2008, Promenade. Marcher dans la phrase, marcher dans le temps, marcher dans « La Matière du Temps » : la ponctuation marque les temps de la lecture comme elle marque les temps de la promenade du visiteur. Elle serait alors un des critères nécessaires de l'œuvre d'art. »
Paru voilà déjà quatre ans, Ciel ! ma prairie nous avait bien charmé. Ces « aventures paysagères » contées par Dominique Louise Pélegrin est une belle flânerie dans les paysages et les grands et petits jardins qui composent la France, au travers des manières dont nous les adoptons, dont nous les vivons, au fil des plaisirs et des jours… (éditions Autrement, 207 p., 15,30 €)
Voici le moment de retourner au jardin. Rendez-vous le 3 septembre pour de nouvelles aventures de livres, d’auteurs, de sciences et de savoirs.
Vincent Duclert