La République des idées. Dixième anniversaire
« Créée en 2002, La République des idées est à la fois un lieu et un lien. Un lieu de production et d’échange d’idées neuves en Europe et dans le monde. Un lien entre les personnalités, les organisations, les publications qui défendent la force des idées comme moteur de l’activité humaine », est-il écrit sur le site officiel * de ce groupe de réflexion qui joue un grand rôle dans la vie intellectuelle nationale. Outre un média en ligne de grande qualité, « La vie des idées », la République des idées publie une collection d’essai du même nom aux éditions du Seuil. « Chacun de ces essais fait le point sur une question centrale de l’actualité et attire l’attention sur un problème émergeant du monde contemporain. Ils sont rédigés par des personnalités intellectuelles et des experts de premier plan. » Plus d'une cinquantaine de ces précieux opuscules, très accessibles par leur prix, et de surcroît bien édités, ont déjà été publiés.
Pour
son dixième anniversaire, cette collection imaginée par Pierre Rosanvallon et
Thierry Pech, aujourd’hui dirigée par le premier associé à l’historien Ivan
Jablonka, publie un essai exemplaire de ce qui est produit par cette équipe, La mondialisation de l’inégalité, par
François Bourguignon (106 p., 11,80 €). Cet économiste aspire à détacher la mondialisation de
tous les maux qui l’accablent en soulignant comment elle amplifie les
inégalités dès lors surtout que celles-ci existent et s’amplifient à l’échelle des pays.
Ces dernières expliquent en premier lieu l’effet accélérateur que provoque la
mondialisation. « La mondialisation n’est pas mauvaise en soi »,
assure le directeur de l’Ecole d’économie de Paris. Mais la conjonction des
deux phénomènes transforme alors l’inégalité en une menace globale dont il faut
prendre toute la mesure afin d’imaginer les moyens de la repousser, d’abord au
niveau national, grâce à l’impôt ou aux politiques éducatives, mais aussi au
niveau mondial, « pour éviter que l’écart ne se creuse entre [les pays les
plus pauvres] et les pays émergents ». Il achève sa démonstration en
rappelant le coût social, politique et même économique de l’inégalité, dans la
veine des thèses de Joseph Stiglitz (voir le billet consacré ici à son ouvrage
récemment traduit aux éditions des Liens qui libèrent, Le prix des inégalités). L’un des intérêts puissants de l’ouvrage
est au final de démontrer qu’il demeure encore aux mains des politiques, dans chaque
pays, des moyens politiques d’agir. En luttant contre les inégalités
nationales pour commencer, en défendant pour continuer « une mondialisation équitable ». Accabler la seule mondialisation constitue ainsi une
manière de se défausser de ses responsabilités.
Vincent Duclert
* http://www.repid.com/-Qui-sommes-nous-.html
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