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18 août 2009 |

2009 : Lire et relire Darwin – 2

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De retour de son voyage de cinq années (1831-1836) autour du monde sur le navire le Beagle, Darwin s’installe à Londres et s’impose comme un naturaliste des plus prometteurs. C’est durant cet épisode londonien qui précède son installation à Down en 1839, qu’il rassemble dans son carnet B des courtes notes sur la « transmutation des espèces ».

Comme l’indique Maxime Rovere qui a traduit, préfacé et commenté cette édition du carnet B (Charles Darwin, Le corail de la vie Carnet B (1837-1838), Paris, Rivages poche, 2008, 8,5 €) : « Les carnets révèlent une écriture entièrement personnelle : lorsqu’il prend des notes, Darwin n’écrit pas. Il réfléchit. » Ce carnet montre en effet la pensée de Darwin en action : il note des questions à poser à des collègues, des projets d’expérimentations, des remarques issues de lectures, des idées parfois des plus fondamentales : « Toute espèce change. Est-ce qu’elle progresse ? » (p. 50)

Ces lignes témoignent d’une période fondatrice et féconde dans le développement de sa théorie et des objectifs fondamentaux semblent fixés dès ces premiers pas. Ainsi, Darwin affirme-t-il : « La grande question que tout naturaliste doit toujours avoir sous les yeux lorsqu’il dissèque une baleine ou classe un acarien, un champignon ou un infusoire est ‘’ Quelles sont les lois de la vie ?’’ ». Faut-il alors s’étonner de trouver, environ vingt après, dans les derniers paragraphes de l’origine des espèces, un rappel des lois qui selon Darwin agissent sur les être vivants : « la loi de la croissance et de reproduction ; la loi d’hérédité qu’implique presque la loi de reproduction ; la loi de variabilité, résultant de l’action directe et indirecte des conditions d’existence, de l’usage et du défaut d’usage ; la loi de la multiplication des espèces en raison assez élevée pour amener la lutte pour l’existence, qui a pour conséquence la sélection naturelle, laquelle détermine la divergence des caractères, et l’extinction des formes moins perfectionnées. » (Charles Darwin, L’Origine des espèces, Paris, Garnier-Flammarion, 2008, p. 563)

La préface de ce volume rend bien compte de l’intensité de la réflexion de Darwin et de sa conscience des enjeux que présente la théorie qu’il pressent. Regrettons toutefois que le cadre historique et les auteurs cités par Darwin ne se voient pas accorder plus d’espace, cela aurait permis d’éviter des raccourcis usant de la notion de « précurseur ». En effet, ce carnet, témoignage d’un moment épistémologique crucial, est à lire tant en regard de l’Origine des espèces, qu’en fonction de certaines des œuvres que Darwin analyse et critique. De nombreuses notes portent sur des ouvrages de Lamarck, Geoffroy Saint-Hilaire, Cuvier, Lyell… autant de théories qui nourrissent la réflexion du naturaliste sur la relation si complexe à établir entre l’histoire de la terre et celle des espèces.

Stéphane Tirard, Centre François Viète, Université de Nantes

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