Emile Papiernick
La mort, le 8 août dernier *, à 73 ans, du professeur Emile Papiernik, ancien chef de service des maternités Antoine-Beclère à Clamart et Port-Royal à Paris, fait disparaître un grand médecin souvent iconoclaste, très engagé dans la médecine publique et l’égalité des soins, et dont la réflexion critique comme la pratique clinique permirent des avancées remarquables de la médecine, et notamment la naissance du premier « bébé-éprouvette » français conçu avec deux autres médecins, René Frydman et Jacques Testart**. Fils d’un tailleur polonais mort au camp d’Auschwitz, il avait mené de nombreuses campagnes, souvent couronnées de succès, en faveur d’une meilleure médecine obstétrique, gynécologique et périnatale (anesthésie péridurale, échographie fœtale, monitorage, prévention de la prématurité). Il avait soutenu le projet de loi sur l’interruption volontaire de grossesse et fut l’un des premiers chefs de service à pratiquer des IVG, disposition qui contribuait à la liberté de choix des femmes pour lesquelles il s’engagea résolument, en obtenant par exemple le congé maternité prolongé en cas de maladie ou de fatigue. Liant toujours pratique médicale et critique de la médecine, il avait publié de nombreux ouvrages, des collectifs strictement scientifiques, des guides d'un large accès, des essais engagés, autant de livres souvent majeurs comme Les passeurs de vie en 1998, Le prix de la vie en 1999, et plus récemment, en 2008, La maternité, progrès et promesses (Odile Jacob, 316 p. 23 €). Grand médecin humaniste, à l’instar du docteur Pierre Simon, gynécologue très impliqué dans le mouvement du Planning familial et disparu en mai 2008, Emile Papiernik a exercé sur la gynécologie-obstétrique une influence nécessaire et salutaire qui n’est pas prête de s’éteindre.
Vincent Duclert
*Ses obsèques ont lieu aujourd’hui au cimetière parisien de Bagneux.
**La photographie (source AFP) de la conférence de presse commune annonçant la naissance d’Amandine, prise le 24 février 1982 à l’hôpital Béclère, montre des numéros de La Recherche sur la table derrière laquelle sont assis les trois médecins pionniers (le professeur Papiernick est à droite sur la photo).
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