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12 janvier 2009 |

Un mauvais départ

Blog luc Une nouvelle collection intitulée « SF Science » chez un nouvel éditeur, Interkeltia, méritait bien que l'on prenne le temps de lire les 470 pages de son premier titre,

L'arène des géants, de Jean-Michel Calvez (21 €). L'éditeur tente de nous communiquer son enthousiasme dans une « Inauguration » et dans une postface. Malheureusement, les bonnes intentions ne suffisent pas à faire les bons livres : il faut aussi du travail, de l'auteur comme de l'éditeur.

L'auteur, a des idées, c'est indubitable. Il utilise assez habilement le thème de la manipulation des hommes par une espèce plus évoluée, avec suffisamment d'ellipses pour que le lecteur s'accroche au récit. On découvre d'abord un réseau de soutènement global, enterré à quelques kilomètres dans le sol, dont la composition et les propriétés sont hors de portée de la technologie humaine. Puis, plus radical, la Terre se transforme en vaisseau spatial géant, un gigantesque propulseur de nature mystérieuse remplaçant l'Arctique. Enfin une sphère elle aussi de composition étrange est localisée à 6 500 mètres de profondeur, sous les Etats-Unis. Les Intermèdes qui interrompent le récit principal renforcent cette idée de manipulation, sans toutefois jamais en expliciter les contours. Les terriens sont-ils les seuls humanoïdes manipulés? Les E.T. qui viennent leur rendre visite, depuis une planète apparemment dans la même situation que la Terre, sont-ils aussi des victimes des événements, ou en sont-ils les organisateurs? On s'interroge, jusqu'au coup de théâtre final.

Malheureusement, il ne maîtrise pas suffisamment le temps. Son récit, qui débute en 2009, fait appel à des technologies inexistantes (et il ne nous laisse même pas imaginer qu'il puisse s'agir d'une autre Terre, dans un Univers parallèle). Mais surtout, le bouleversement rapide qu'il fait subir à notre planète (son récit court sur deux ans environ) ne s'accompagne d'aucun désordre politique, d'aucune famine (malgré la disparition de la lumière solaire, sur laquelle il insiste pourtant largement). Au contraire, miraculeusement, les gouvernements s'entendent pour affronter la menace commune. Et les technologies nécessaires apparaissent, elles aussi, miraculeusement, telles ces centrales lumineuses relayées par des miroirs orbitaux qui balaient successivement les champs de différents pays. Il avait pourtant assez d'espace (près de 500 pages!) pour développer une histoire sur plusieurs décennies, voire plusieurs générations. D'autant qu'il ne fait aucun effort pour nous intéresser à ses personnages. Il aurait pu en changer à chaque épisode sans que l'histoire en pâtisse.

L'auteur ne maîtrise pas non plus suffisamment les réalités scientifiques dont il ne nous épargne pourtant rien. Pour ne citer qu'un exemple, afin de creuser à 6 500 mètres de profondeur, la méthode retenue est la réalisation d'un puits conique à ciel ouvert de 15 kilomètres de diamètre! En deux mois, cet entonnoir dont l'angle au sommet est proche de 45 degrés est creusé, sans éboulement majeur... Et bien entendu, à 6 500 mètres de profondeur, aucune augmentation de température.

Luc Allemand, La Recherche

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