L'art des fous
Ce qu’on a longtemps appelé « l’art des fous » fait depuis quelques années l’objet d’un regain d’intérêt, en témoignent quelques grandes expositions parisiennes : « La clé des champs » en 2003 à la Galerie du Jeu de Paume, « A corps perdus » au Pavillon des Arts en 2004 et « Ecriture en délire » à la Halle Saint-Pierre en 2005 ont ainsi attiré un large public. Dans De l’art des fous à l’œuvre d’art, la psychiatre Anne-Marie Dubois se propose aujourd’hui de faire le point sur la question épineuse et passionnante de l’art asilaire.
Elle se concentre pour cela sur la collection du Centre d’Etude de l’Expression de l’hôpital Sainte-Anne (tomes 1 et 2, Editions Edite, Centre d’Etude de l’Expression, Paris, 2007 et 2008).
Le tome 1, Histoire d’une collection, recence de manière critique les diverses manières dont la psychiatrie a abordé la question de la création et de la folie, tissant entre l’une et l’autre des liens indissolubles et popularisant les parentés supposées de l’artiste et du fou. L’un des grands mérites de ce livre est de faire un sort à quelques lieux communs encore vivaces : non, la maladie mentale n’est pas en soi un facteur favorisant le génie, non encore, tout artiste n’est pas nécessairement atteint de troubles psychiques. Loin des équivalences faciles, l’ouvrage s’attache au contraire à démontrer la part d’historicité de pareilles assertions. De la même manière, il met l’accent sur le poids idéologique pesant le plus souvent sur les productions asilaires, considérées comme spontanées et assimilée à l’art brut tel que l’a défini Dubuffet. Anne-Marie Dubois invite au contraire à inscrire les œuvres des malades dans l’histoire de l’art au sens large et à reconsidérer leur démarche artistique. C’est ce à quoi s’attache les 3 volumes suivants, qui présentent la collection de Centre d’Etude de l’Expression. Le 2e volume, Du réalisme au fantastique, permet ainsi d’admirer une magnifique sanguine représentant le visage d’un mort ; une œuvre de Mottale dont le classicisme, très éloigné de l’idée que l’on se fait de l’art des fous, explique qu’elle n’ait jamais été exposée avant 1996. Une iconographie abondante et souvent inédite vient constamment relancer le propos. On regrettera cependant quelques erreurs (ainsi n’est-ce pas la thèse de Lacan mais un compte-rendu de celle-ci par Dali qui a été publiée dans le premier numéro de la revue surréaliste Minotaure, voir p. 73) et de nombreuses redites. Malgré ces petits défauts, on ne peut que se réjouir de la publication cet ouvrage ; il permet enfin d’avoir une vue d’ensemble sur la très belle collection du Centre d’Etude de l’Expression et offre au lecteur un matériel particulièrement riche.
Le tome 1, Histoire d’une collection, recence de manière critique les diverses manières dont la psychiatrie a abordé la question de la création et de la folie, tissant entre l’une et l’autre des liens indissolubles et popularisant les parentés supposées de l’artiste et du fou. L’un des grands mérites de ce livre est de faire un sort à quelques lieux communs encore vivaces : non, la maladie mentale n’est pas en soi un facteur favorisant le génie, non encore, tout artiste n’est pas nécessairement atteint de troubles psychiques. Loin des équivalences faciles, l’ouvrage s’attache au contraire à démontrer la part d’historicité de pareilles assertions. De la même manière, il met l’accent sur le poids idéologique pesant le plus souvent sur les productions asilaires, considérées comme spontanées et assimilée à l’art brut tel que l’a défini Dubuffet. Anne-Marie Dubois invite au contraire à inscrire les œuvres des malades dans l’histoire de l’art au sens large et à reconsidérer leur démarche artistique. C’est ce à quoi s’attache les 3 volumes suivants, qui présentent la collection de Centre d’Etude de l’Expression. Le 2e volume, Du réalisme au fantastique, permet ainsi d’admirer une magnifique sanguine représentant le visage d’un mort ; une œuvre de Mottale dont le classicisme, très éloigné de l’idée que l’on se fait de l’art des fous, explique qu’elle n’ait jamais été exposée avant 1996. Une iconographie abondante et souvent inédite vient constamment relancer le propos. On regrettera cependant quelques erreurs (ainsi n’est-ce pas la thèse de Lacan mais un compte-rendu de celle-ci par Dali qui a été publiée dans le premier numéro de la revue surréaliste Minotaure, voir p. 73) et de nombreuses redites. Malgré ces petits défauts, on ne peut que se réjouir de la publication cet ouvrage ; il permet enfin d’avoir une vue d’ensemble sur la très belle collection du Centre d’Etude de l’Expression et offre au lecteur un matériel particulièrement riche.
Anouck Cape, docteur de l'Université de Paris X-Nanterre
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