Pendus au passé ?
Les théories des cordes permettent à la physique de changer de paradigme, en reposant, dans un espace-temps à dix dimensions, sur des entités élémentaires qui ne seraient plus des particules ponctuelles mais des cordes minuscules, formant des boucles d'une taille finie, de l'ordre de la longueur de Planck et vibrant comme des cordes de violon.
A partir du principe que les plus petites particules de matière, et notamment de lumière, ont cette forme de cordes dotées d’un grand nombre de dimensions - des cordes qui pourraient être « ouvertes » - le romancier José Carlos Somoza (La Théorie des cordes, traduit de l’espagnol par Marianne Millon, Actes Sud, 2007, 515 p., 23 €) imagine des personnages qui, sur une île de l’Océan Indien, parviennent en 2006 à obtenir des images fragmentaires du passé (la période jurassique ou Jérusalem peu avant la crucifixion de Jésus...). Un groupe de chercheurs qui quelques années plus tard se trouve décimé par un mystérieux assassin, prix à payer pour avoir osé, crime de lèse-divinité, visionner en direct le passé. S'il est en effet impossible de voyager dans le passé (on ne peut pas revenir en arrière dans le temps), on peut filmer et observer ce passé, même le plus lointain, en pliant ces fameuses « les cordes du temps ».
La physique théorique moderne censée concilier les théories d’Einstein (la relativité générale) et celles de la mécanique quantique (physique à une très petite échelle) sert alors de toile de fond à une interrogation de fait plus métaphysique qu'épistémologique : quel sens conférer aux croyances, mythes et connaissances scientifiques une fois ceux-ci confrontés non pas à la mémoire et à la transmission, mais à la réalité crue et nue ?
Frédéric Grolleau, Le Litteraire.com
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