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12 février 2008 |

Darwin hérétique. L’éternel retour du créationnisme

L’opposition entre les évolutionnistes et les tenants de l’intelligent design (ID) n’est pas un débat scientifique, parce que l’intelligent Design n’est pas une théorie scientifique.

Apparu aux Etats-Unis au milieu des années 1990, l’ID n’est que la dernière attaque, après tant d’autres, subie par le darwinisme. Ces stratégies créationnistes successives ont en commun de stigmatiser les points sujets à discussions scientifiques dans les théories explicatives de l’évolution, darwinisme strict ou autres, et à s’en servir pour prétendre qu’elles ne sont pas satisfaisantes. Il s’agit de nier la complexité du problème de l’évolution et des solutions que les biologistes tentent d’y apporter, et, en occultant ainsi l’existence légitime d’un débat scientifique, d’imposer une approche dogmatique, empreinte de croyance religieuse.

L’ouvrage de Thomas Lepeltier, Darwin hérétique L’éternel retour du créationnisme (Le Seuil, coll. « Science ouverte », 2007, 253 p. 19 €) offre au lecteur le recul historique nécessaire pour comprendre les enjeux et conditions de possibilité du créationnisme. Cette démarche est importante pour saisir comment l’ID, en intégrant l’idée d’évolution, tente de créer un faux débat pour mieux s’imposer auprès du public, en s’arrogeant le statut de théorie scientifique expliquant la complexité du vivant comme voulue par une intelligence supérieure.

Stéphane Tirard, Université de Nantes

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Commentaires

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J'ai écrit un roman publié sur le blog http://jesuisla.blog.free.fr/.
J'essaye désespérément de le faire référencer comme neo-darwinien. Mais je me trompe peut-être complètement (sur ce qualificatif). Merci de le lire et de me faire vos commentaires érudits.

 

Pourquoi l'auteur présente-t-il l'Intelligent design comme quelque chose d'indépendant du créationnisme? Le jugement de Dover a pourtant été clair : l'Intelligent Design est une copie conforme de la "science de la création", écartée des cours de sciences lors de précédents procès. C'est ce point précis qui a fondé la décision du juge. L'un des arguments forts du procès fut que dans le livre "Of pandas and people", manuel scolaire de référence des tenants de l'intelligent design, les références à la "creation science" des premières éditions avaient été remplacées par les termes d'intelligent design. Sur le procès de Dover, et les motivations des promoteurs de l'intelligent design aux Etats-Unis, je conseille la lecture de l'excellent livre "40 Days and 40 Nights: Darwin, Intelligent Design, God, Oxycontin, and Other Oddities on Trial in Pennsylvania", de Matthew Chapman (chez Collns). Pas traduit en français à ma connaissance pour le moment.
L'autre gros défaut de ce livre est l'écriture très approximative des derniers chapitres. L'auteur met en scène de pseudo-débats entre "darwinistes" et "anti-darwinistes", en confondant plus qu'à son tour "darwinisme" et "néo-darwinisme". Ce n'est quand même pas tout à fait pareil, et la diversité des sciences de l'évolution, dans le cadre défini il y a 150 ans par Darwin, ainsi que la capacité des scientifiques à se remettre en question, est bien mal rendue.

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