Contre-histoire
Après la Contre-histoire du libéralisme dûe au
professeur de l’université d’Urbino Domenico Losurdo (traduit de l’italien par
Bernard Chamayou, coll. « Cahiers libres », 392 p., 25 €), voici que
La Découverte réédite le genre* avec cette fois un collectif, Une contre-histoire de la IIIe République (401
p., 26,50 €). On n’insistera pas excessivement sur ce projet, l’auteur de ces
lignes ayant (modestement) participé au volume au sein d’une équipe de
vingt-quatre chercheurs français et étrangers. Les trois maîtres d’œuvre,
Marion Fontaine, Frédéric Monier et Christophe Prochasson s’expliquent sur leurs
intentions dans une brève mais vigoureuse introduction : confrontés à une
mythologie historique fortement identifiée à un âge d’or républicain que serait
la IIIe République, il s’agit pour eux « de tenter au moins de dissiper
ces brumes émotionnelles » [le « halo émotif » selon Norbert
Elias], de s’attaquer aux idées reçues (première partie de l’ouvrage), puis d’entrer
dans les « boites noires » de la République (seconde partie**), à la
recherche non d’un modèle républicain ici fortement contesté mais « bel et
bien d’un projet républicain, qui se
matérialise autant dans des idées, des discours, des institutions que dans des
pratiques et qui n’est pas défini une fois pour toutes ». Cette notion de « projet »
est reprise en conclusion, mais sous l’expression très voisine de « processus ».
Vincent Duclert
*On saura dans quelques mois si les lecteurs adhèrent à la thématique inaugurée par La Découverte des « contre-histoires », peut-être inspirée de Michel Onfray et de sa Contre-histoire de la philosophie déclinée en multiples tomes (cf. http://mo.michelonfray.fr/oeuvres/contre-histoire-de-la-philosophie-tome-7-la-contruction-du-surhomme-ed-grasset/*).
** Anne Rasmussen y questionne notamment la science et du progrès comme « mythes pour la République ».
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