Versailles, ordre et chaos
Michel
Jeanneret a choisi de passer de « l’autre côté du miroir », celui du
mythe du Grand Siècle exaltant « l’art classique comme triomphe de l’esprit,
de l’ordre et de l’équilibre, de la beauté et du bon goût, [qui] en fait le
pendant esthétique de l’éclat du règne, l’expression de l’accomplissement
auquel a atteint la France dans ce temps privilégié où elle sert de modèle à l’Europe.
Cette image d’une perfection apollinienne tient son rang dans la panoplie
idéologique et hégémonique de l’esprit français : érigée en norme, elle
est, là encore, difficile à ébranler ».
C’est pourtant ce à quoi s’emploie ce professeur honoraire à l’université de Genève. Il s’applique à « restaurer la face anxieuse de l’art classique, son face-à-face avec la violence et l’animalité, sa symbiose avec des forces sauvages qu’il tente de maîtriser, mais ne refoule pas ». Car la culture classique « ne nie pas la nature brute, elle esquisse au contraire un mouvement régressif vers le primitif et le tohu-bohu des origines, elle explore le règne de l’élémentaire, le territoire trouble des passions, des pulsions et des convulsions ».
Versailles, ordre et chaos (Gallimard, coll. « Bibliothèque illustrée des histoires », 376 p., 38 €) commence par une promenade inspirée dans le parc du château au moment de sa genèse : « elle découvre, dans le sanctuaire de l’ordre et de la beauté classiques, les traces d’une nature rebelle [...]. Les spectacles montés à la Cour – fêtes, comédies, ballets, opéras – proposent eux aussi diverses descentes dans le monde d’en bas ». Une manière, avec ce beau livre, de prolonger les ravissements des journées du Patrimoine…
Vincent Duclert
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