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27 juillet 2012 |

L'expérience britannique

Le 25 juillet, à quelques jours de l’ouverture de la grande fête des JO de Londres, Le Monde informait ses lecteurs de la poursuite de la récession au Royaume-Uni. « Le chiffre a surpris les analystes. Le Royaume-Uni s'est en effet enfoncé davantage dans la récession au deuxième trimestre, enregistrant un nouveau recul de son produit intérieur brut (PIB), de -0,7 %, selon une première estimation publiée mercredi par l'Office des statistiques nationales. Les prévisions des analystes compilées par Dow Jones tablaient sur - 0,3 %. »

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Encore une manœuvre des mangeurs de grenouilles pour assombrir la liesse anglaise ? Nullement, même si les relations entre la France et le Royaume-Uni sont historiquement celles d’ « ennemis intimes », pour reprendre l’expression qui sous-titre l’étude de deux historiens britanniques grands connaisseurs de l’histoire française, Robert et Isabelle Tombs (traduit de l’anglais par Christophe Jaquet, coll. « La France et le monde », 503 p., 29,90 €). La réalité économique est hélas plus triviale, et bien décrite dans l’ouvrage déjà mentionné de Paul Krugman, Sortez-nous de cette crise maintenant ! (aux éditions Flammarion), dont La Recherche publiera une analyse dans son numéro de rentrée. Un peu de patience…. Mais on ne peut pas, ici, ignorer les quelques pages que le Prix Nobel d’économie 2008 consacre à « l’expérience britannique ». Celles-ci sont terribles pour le gouvernement actuel. Alors que rien n’obligeait le Royaume-Uni à se lancer dans une politique d’austérité – contrairement aux pays qui le font sous contrainte comme la Grèce, l’Irlande ou l’Espagne -, James Cameron s’est lancé avec détermination dans la réduction de la dépense publique, simplement parce qu’elle accroît la « confiance ». Résultat, cette confiance tant recherchée a fini par fondre, chez les investisseurs comme chez les consommateurs. « Il en résulte que l’économie britannique demeure profondément déprimée à ce jour », écrit encore Krugman qui ajoute : « à l’heure où j’écris ces lignes [début 2012], il semble bien que le pays soit en train d’entrer dans une phase nouvelle de récession ». Economiquement parlant, rien n’obligeait le gouvernement à engager cette politique d’austérité, d’autant plus qu’avec le contrôle national de la monnaie, le Royaume-Uni dispose d’outils dont sont privés actuellement la Grèce ou l’Espagne (ce qui ne veut pas dire que la sortie de l’euro, extrêmement couteuse politiquement et financièrement, serait la bonne solution pour ces pays). Voici l’exemple de dirigeants qui ont plongé une économie qui résistait à la crise dans une forte dépression, au nom de la « fée confiance » brutalement changée en sorcière. Mais c’est un économiste américain qui le dit. Il reconnaît toutefois que la Bank of England « n’a jamais cessé de faire son possible pour atténuer le marasme. Elle mérite pour cela des louanges, parce qu’il n’a pas manqué de voix pour exiger qu’à l’austérité budgétaire s’ajoute la hausse des taux d’intérêt. »

Vincent Duclert

 

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Les Allemands ont fait, pour l'intérêt de l'Europe, un acte de sacrifice que bien peu de pays, à commencer par la France, aurait consenti à faire.
Et ce n'est même pas au nom de leur monnaie perdue que les Allemands demandent aujourd'hui aux Européens de lutter contre les déficits nationaux. C'est simplement en vertu de la conviction que les gouvernements ne peuvent plus, indéfiniment, mentir à leurs opinions publiques et condamner les générations futures en minimisant l'impact d'une dette qu'ils ont eux-mêmes creusée.

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