Alep la multiple
La bataille d’Alep, qui apparaît décisive pour la victoire de la rébellion syrienne et le sort du pouvoir baasiste acculé implique une très grande cité du Moyen-Orient, une ville des communautés religieuses mêlées, musulmanes, juives, chrétiennes, des langues qui se répondent, arabe, syriaque, français, anglais, des architectures qui se croisent, des mosquées et des rues pleines d’une activité incessante et fiévreuse, la ville où habita le Prophète qui abreuvait les pauvres avec le lait de ses nombreux troupeaux de brebis (selon Ibn Battuta, 1304) et d’où est venu son nom, du verbe « traire ».
« Alep la multiple », a écrit Marie Seurat, la femme du chercheur assassiné au Liban par des fondamentalistes, dans un splendide ouvrage de textes et de photos, une « promenade à Alep », dans ces quartiers qu’elle a tant connus avant de connaître l’exil (Salons, coton, révolutions…, 1995, Le Seuil, 223 p., 25,90 €). C'est la ville où le romancier juif autrichien Franz Werfel décida d’écrire sa grande fresque romanesque sur le génocide arménien, Les quarante jours du Musa Dagh (1933) après avoir été le témoin, en 1929, du « spectacle désolant d’enfants de réfugiés, […], mutilés et minés par la faim ». Alep mérite de vivre, et libre.
Vincent Duclert
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