D’une collection à l’autre, « La librairie du XXIe siècle »
D’une collection à l’autre, « La librairie du XXIe siècle », dirigée aux éditions du Seuil par l’historien des religions Maurice Olender. Elle occupe une place très importante dans le paysage intellectuel français et international par la vocation des ouvrages qu’elle publie de nourrir une politique des savoirs au travers d’un approfondissement sans équivalent de ces derniers. Cet idéal permet à Maurice Olender d’éditer des livres très différents les uns les autres et en même temps toujours liés par ce travail des savoirs et de la cité. Les ouvrages de « La librairie du XXIe siècle » forment également de très beaux objets, d’une grande simplicité esthétique qui permet aux mots et à la langue de se déployer harmonieusement vers le lecteur. Deux formats existent. Dans le plus petit d’entre eux viennent de paraître deux très beaux essais.
Hubert Dasmisch propose avec Le messager des îles (276 p., 18 €) une suite à sa Théorie du nuage (Pour une histoire de la peinture, Paris, Le Seuil, 1972), où la connaissance du réel procède d’un voyage dans les multiples relations que nous entretenons avec l’objet et avec ses représentations esthétiques, sociales ou morales. Derrière le désordre apparent des textes se dessine à l’horizon l’île rêvée, comme celle, Belle-Île, qui accueillit une conversation intense sur l'histoire avec l’anthropologue et résistant Jean-Pierre Vernant.
Luc Dardenne, trois fois primé au Festival de Cannes avec son frère Jean-Luc, déjà auteur dans la collection de Au dos de nos images (2005), a confié à Maurice Olender Sur l’affaire humaine (190 p., 18 €). Emergé de « notes à propos de deux personnages qui sont devenus Cyril et Samantha dans le film Le Gamin au vélo (2012) », le livre s'est construit autour d'une interrogation aussi simple qu'essentielle, comme l'auteur l'explique dans une lettre préliminaire à son ami : « J’essayais de comprendre ce que pouvait vivre dans sa tête un gamin solitaire, abandonné, comment la violence des coups qu’il recevait pouvait ne pas générer chez lui une violence aussi destructrice que celle qui le détruisait. J’essayais d’imaginer l’amour d’une femme, d’une mère, qui peut-être pourrait apaiser cette violence et permettre à cet enfant de trouver son enfance, de sortir des souffrances et des peurs dans lesquelles survivent ceux qui ne peuvent faire confiance à personne. » Cette exigence de connaître venue du plus profond a donné un livre superbe où vit « le “minuscule et fragile corps humain”, celui de l’enfance ».
Vincent Duclert
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