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03 août 2011 |

Travaux de rentrée

Pour la rentrée, les éditions La Découverte inaugureront une « nouvelle identité graphique pour les sciences humaines et sociales » que La Recherche dévoile ici. Cinquante ans après la création, aux éditions anciennement Maspero, de la collection « Textes à l’appui », La Découverte publie désormais tous ses livres de recherche sous une même couverture (de facture typographique) qui mentionnera seulement la série concernée, « Bibliothèque du Mauss » ou « Genre & Sexualité » pour ne citer que deux d’entre elles. La volonté, clairement affirmée, de « transgresser » la logique disciplinaire vise à « mieux souligner la transversalité des ouvrages publiés ». Autre transgression, celle qui consiste à unir dans une même production des études de référence – comme les huit cent pages annoncées pour le mois octobre du sociologue Philippe Chanial, La sociologie comme philosophie morale : et réciproquement - et des essais critiques comme La nouvelle école capitaliste. Le parti-pris de cette unité proclamée est intéressant. Il met l’accent sur un objet, il oblige à en souligner l’actualité, à définir l’enquête et ses méthodes. Pas sûr néanmoins que le lecteur s’y retrouve ni que les disciplines puissent échapper à leur identité. Du reste, Philippe Chanial retrouve ces mêmes catégories disciplinaires pour élaborer une hypothèse dont nous attendons beaucoup, eu égard à ses livres précédents, par exemple La Société vue du don (La Découverte, 2008), et à sa présence dans le débat intellectuel.

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La nouvelle école capitaliste
fait donc partie de ces livraisons de rentrée de La Découverte qui bénéficient de la « nouvelle identité graphique pour les sciences humaines et sociales ». C’est un essai bien à propos sur la pénétration des normes néo-libérales dans l’institution scolaire désormais transformée en « nouvelle école capitaliste » -d’où le titre du livre. Celui-ci émane de quatre enseignants qui sont aussi des chercheurs attachés au syndicat FSU et des intellectuels engagés (voir notamment L’école n’est pas une entreprise de Christian Laval, et La Nouvelle Raison du monde de Pierre Dardot et Christian Laval). La nouvelle école capitaliste sera à l’honneur du numéro de rentrée de La Recherche. Nul doute que seront commentées les positions très alarmistes des auteurs identifiant une rupture dans le consensus relatif aux cultures scolaires et universitaires. Celles-ci ne pouvaient se résumer classiquement, dans le système intellectuel français, « aux savoirs et connaissances utiles et exigibles sur le marché du travail » ; elles avaient vocation à libérer l’individu, à lui apporter cet esprit critique nécessaire à son devenir de citoyen accompli. Elles se maintenaient dans une forme de gratuité essentielle et de relation à la liberté de la recherche. Pour les auteurs de La nouvelle école capitaliste, la pression du néo-libéralisme économique a détruit ce consensus sur l’école émancipatrice et le savoir libre. Il faut aussi faire la part dans cette rupture au désenchantement démocratique et à la grande fatigue sociale devant la reproduction des injustices et au mythe de l'égalité scolaire.

Vincent Duclert

Pierre Clément, Guy Dreux, Christian Laval et Francis Vergne, La nouvelle école capitaliste, La Découverte, coll. « Sciences humaines », 240 p., 18 €.

 

 

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