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07 juillet 2011 |

Séquence Polar. L'espoir fait vivre et autres Lee Child

Publiées par les éditions du Seuil dans leur précieuse collection « Policiers », les enquêtes de Jack Reacher imaginées par l’anglo-américain Lee Child, sont passionnantes. Il est vrai que cet ancien détective dans la police militaire, désormais sans attaches sinon d’anciennes camaraderies qui le mèneront à reprendre du service (dans La Faute à pas de chance, paru l’année dernière, que je recommande), a le chic pour se mettre dans des situations impossibles. On l’a croisé sur la 6e Avenue de New York, dans un café « à égale distance de Bleeker Street et Houston Street », témoin d’une scène apparemment banale qui allait l’entraîner dans une défense héroïque de la veuve et de l’orphelin (Sans douceur excessive, 2009). Lee Child s’est donné un personnage à la mesure de son écriture. L’écrivain aime les lieux, les villes, les avenues. Jack Reacher les arpente sans relâche, chaque sens toujours aux aguets.

Blog hopp3 
Traduit par Jean-François le Ruyet, Nothing to loose (L’espoir fait vivre, 518 p., 23 €) nous emmène dans l’Etat du Colorado, sur la route qui sépare plus qu’elle ne relie deux bourgades, Despair et Hope. Alors qu’il patiente dans un café-restaurant de la première, il est brutalement arrêté, condamné par le juge local pour « vagabondage » et déposé manu-militari à la limite des deux communes, avant d’être réceptionné par la police locale de Hope, en l’occurrence une femme-flic à bord d’une puissante Ford Crown Victoria. Une complicité se développe entre le solitaire Reacher et la troublante Vaughan qui porte le secret de la mort cérébrale de son mari blessé en Irak et rapatrié dans un sinistre hôpital.

Blog hopp 4 
Avec des airs de route de Madison (le film de Clint Eastwood où l’acteur bouleverse le destin de Meryl Streep quelques jours suspendus au-dessus de la banalité de l'existence), Nothing to loose déroule son rythme lent et décisif sur fond de bout du monde. « Question de principe » (sa liberté de circuler sans qui il n’existerait pas), Reacher retourne bien évidemment à Despair pour découvrir les mystères de cette ville interdite aux étrangers. Elle est sous le contrôle des propriétaires d’une énorme usine de récupération de métaux issus de carcasses de voitures. Un complexe bien étrange. Des Hummer de l’armée américaine eux aussi revenus d’Irak surveillent l’usine : car celle-ci traite aussi dans le plus grand secret le matériel détruit par les obus américains à uranium appauvri.

Blog hopp 2 
Au milieu d’incessants va-et-vient entre les deux villes, de jours comme de nuit, dans de vieux 4 x 4 ou dans les Crown Victoria type interception de la police de Hope, Reacher imprime sa marque aux paysages désertiques du Colorado autant qu’à ses communautés presque immobiles. Plus rien ne sera comme avant après son départ vers le sud, « mille six cents kilomètres jusqu’à San Diego ». Les lieux et les silhouettes des tableaux de Hopper ont pris vie, malgré l’absence des êtres chers, avec la guerre au loin, et dans la solitude de l’Amérique profonde. Un très beau roman, peut-être plus pour son univers littéraire que pour son intrigue policière.

Vincent Duclert

 

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