Vous êtes sur BLOGS > le blog des livres

 

31 mars 2011 |

Séquence BD. L'appel des origines

Blog appel 
Harlem
, le premier tome de la série L’appel des origines,  forme un très bon début. Le dessin de Gaël Séjourné (et les couleurs de Jean Verney) donne une grande force à cette histoire imaginée par Callède, qui se déroule à New York dans les années 1920, entre jazz, rêves, prohibition et racisme au quotidien. Le scénario pourrait être un peu convenu. Finalement, il n’en est rien parce qu’un autre personnage se dessine dans tout l’album, la ville et ses vues splendides révélées par l'album. Anna, une jeune métisse, travaille chez sa tante Vivian et son oncle Benny, au « Benny’s Diner », sur la 135e rue, ouvert tous les jours de l’année. Son existence de « petite mulâtresse » est difficile ; elle subit souvent les préjugés des blancs autant que des noirs. « Tu dois être forte et ne jamais reculer devant l’adversité », lui rappelle son oncle dans les moments critiques. Pour s’échapper, Anna s’enivre dans les clubs de jazz, particulièrement le « Blue Diamond », « le meilleur de tout Harlem pour danser et écouter du vrai jazz ! », avec Duke Ellington au piano, Sonny Greer à la batterie et Sidney Bechet à la clarinette. Lorsqu’elle rentre chez elle dans la nuit, elle est si émue par cette musique qu’elle ne trouve pas le sommeil ; elle se plonge dans l’écriture, « écrire pour ne pas oublier ». Un jour d’automne, au cours d’une promenade à Central Park avec sa grand-mère, celle-ci manque de s’évanouir en découvrant, sur une photographie du New York Herald montrant un groupe d’explorateurs mystérieusement disparus aux confins du Kenya et du Tanganika, la trace du père d’Anna. Lui reviennent les temps anciens alors que l’esclavage régnait en maître au Sud. Une expédition punitive du propriétaire de la plantation sur laquelle elle était attachée avec sa famille se solde par un terrible massacre, dont la mort de la mère d’Anna et la fuite de son père dont personne ou presque ne connaissait l’existence : il était blanc, il était le fils du planteur, il aimait Rose. Orpheline, Anna est élevée, à Harlem la liberté venue, par sa grand-mère, et dans l’ignorance de ses origines. La révélation soudaine de la tragédie inaugurale entraîne la jeune femme dans une quête désespérée de son père disparu, d’abord à New York en compagnie d’un jeune chercheur du Museum d’histoire naturelle (chez Vent d’Ouest, 57 p., 13, 50 €, et de superbes planches de New York, de ses rues, de ses quais, et de ses musiciens de jazz). 

Vincent Duclert

Réagir / Réactions

Commentaires

Flux You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.

L'utilisation des commentaires est désactivée pour cette note.