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29 mars 2011 |

Je rends heureux

Blog génér 
La personnage principal de Générosité, de Richard Powers (Cherche Midi, 2011, 480 p., 22 €) est le bonheur. Pas très original, direz-vous : la recherche du bonheur ou de l'amour, la difficulté à les trouver, ou encore la douleur de les perdre constituent les sujets principaux d'une bonne proportion des livres composés depuis l'invention de l'écriture. Mais là où celui-ci intéresse ce blog, c'est bien entendu que Richard Powers qu'il aborde ces thèmes dans une fiction qui met en scène la science (mais il ne s'agit pas de science-fiction).

Pourrait-on trouver le bonheur grâce à des produits chimiques? Cela semble réussir à Robert Stone, qui encourage son frère Russell, journaliste et écrivain raté, à l'imiter. Faudrait-il plutôt enseigner à être heureux, comme c'est en quelque sorte le métier de Candace Weld, psychologue au service des étudiants de l'université de Chicago où Russell enseigne à temps partiel. Ou encore, la capacité à être heureux serait-elle innée, codée dans des réseaux de gènes, comme en est convaincu le généticien, universitaire et fondateur de startups, Thomas Kurton?

Les réponses à ces questions se cristallisent autour de Thassadit (Thassa) Amzwar, jeune algérienne étudiante de Russell. Elle a grandi dans une Algérie d'attentats et de quasi guerre civile. Elle y a perdu ses parents, elle y a laissé son frère. Elle est seule à Chicago. Malgré cela, elle donne tous les signes extérieurs d'un bonheur permanent. Quelle est la cause de son état? Pourrait-il être transféré à d'autres? Est-il si inaltérable que cela?

Richard Powers ne donne pas de réponses définitives. Chacun de ses personnages possède une part de vérité. La science, dont il décrit bien les fonctionnements, n'est ni bonne ni mauvaise, seulement soumise, comme toutes les autres activités humaines, à la dictature des média. A propos de ces derniers, en revanche, sa position est claire : la médiatisation est une fantastique machine à détruire le bonheur. Tous les personnages en font l'amère expérience. Si l'on suit Richard Powers, il y a au moins une condition nécessaire au bonheur, celle qui tient dans le vieil adage : « pour vivre heureux, vivons caché ».

Luc Allemand

 

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