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juillet 2010

18 juillet 2010

Le 500e billet du Blog des Livres de La Recherche.

Réponse le 2 août :

Pascal Acot est le 4e en partant de la gauche, pantalon clair, chemise marron. Guiliana Sgrena serait, sous toutes réserves, la dernière à droite. Journaliste italienne, elle fut enlevée en 2005 en Irak. Un membre des services secrets italiens la protégea en faisant de son corps un bouclier, alors que la voiture qui l’emmenait vers l’aéroport de Bagdad était sous le feu de soldats américains.

 

Blog climat 5
Et oui, le Blog des Livres affiche 500 billets au compteur depuis sa création il y a deux ans et demi. Cela pourrait être mieux, mais du moins ces textes existent, sont gravés dans le marbre de la toile et peuvent être facilement retrouvés puisqu’ils demeurent sur le site.

Pour fêter ce chiffre rond, nous vous offrons une bonne feuille de l’essai, à paraître le 13 octobre prochain aux éditions universitaires Armand Colin, de Pascal Acot : Climat, un débat dévoyé ?.

Pascal est un ami, c’est un rédacteur régulier (et talentueux) du Blog après l’avoir été des Pages Livres 2004-2009, c’est aussi et d’abord un historien du climat à la rédaction précise, à la démonstration soucieuse, et au style toujours élevé. Normal, son espace familier, c’est le ciel, à quelques bonnes centaines de mètres du plancher des vaches, au manche de son ULM scintillant dans le soleil encore pur des petits matins d’été sur les Pyrénées.

Cet extrait succède au dernier intertitre de la conclusion : « Pour une approche politique de la question climatique ». On pourrait en faire le programme de l’automne. Bonne lecture. *

Vincent Duclert

* Merci aux éditions Armand Colin pour avoir autorisé cette brève pré-publication. Sur la photographie prise à Bastia le 23 juin 1996 (colloque Méditerranée Carrefour de solidarités), on reconnaît Pascal Acot. Mais ou ? Réponse le 2 août !

 

Pour une approche politique de la question climatique

Dans les premières semaines de juillet 2010, deux informations sont relativement passées inaperçues car partiellement masquées par ce que la presse a appelé « l’affaire Bettencourt-Woerth ». L’une et l’autre ont été publiées le vendredi 9 juillet.

La première portait sur le « blanchiment » des experts du GIEC dans l’affaire de l’Université d’East-Anglia. On se souvient que des courriels piratés émanant de cette institution avaient laissé penser que les informations en matière de réchauffement climatique avaient été malhonnêtement orientées afin de manipuler l’opinion et de « réduire toute ‘dissidence’ scientifique » (François Foucart, « Le travail des experts du climat lavé de tout soupçon », Le Monde, 9 juillet 2010). Voici les experts du GIEC « lavés de tout soupçon », avec tout de même en sous-titre l’aveu de « critiques à la marge ». Curieusement, ce blanchiment concernant des pratiques supposées frauduleuses fut surtout présenté comme une formidable confirmation scientifique des travaux du GIEC : il n’y a « aucune erreur significative » dans le dernier rapport à l’intention des décideurs décrète alors une  agence néerlandaise « indépendante » (l’Agence Néerlandaise d’Evaluation de l’Environnement). On se demande au passage, sur quoi de sérieux s’appuie l’affirmation « d’indépendance », si difficile à établir... Mais voilà le public rassuré par la compétence d’«experts » que des prestidigitateurs ont fait au bon moment sortir de leur chapeau.

La seconde information est relative aux mesures d’économie en matière de lutte contre le réchauffement climatique proposées en France par le ministre « de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer » : « En tout, près de deux milliards d'euros devraient être économisés d'ici 2012, dont un milliard sur les niches «vertes», ces avantages fiscaux liés à des travaux «écologiques». Jean-Louis Borloo a ainsi évoqué la réduction d'impôt offerte aux particuliers qui installent des panneaux photovoltaïques sur le toit de leur habitation. Le manque à gagner pour l'Etat est estimé à 800 millions d'euros. » (Sophie Amsili, Le Figaro.fr, 9 juillet 2010).

D’un côté une imposture intellectuelle de plus. De l’autre le renoncement à ce qui avait été présenté en fanfare comme l’une des mesures significatives de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous avons vu ce qu’il convient de penser de la portée surévaluée des actions environnementales des ménages. Mais les mesures d’économie n’ont pas été prises sur cette base, qui pourrait être juste. Les politiciens de service n’ont même pas tenté, et pour cause, de les justifier sur des bases « écologiques ». Il eût fallu informer le débat.

Le climat de la planète ne mérite pas ces donneurs de leçons d’austérité écologique depuis les Champs Elysées, amis de l’argent et plaisants beaux parleurs. De quoi méditer l’interrogation platonicienne plus de deux fois millénaire et fondatrice de toute réflexion sur l’action politique : peut-on écarter les démagogues des affaires de la Cité ? Notre destin climatique passe par la réponse que les sociétés humaines donnent chaque jour à cette question.

Pascal Acot.


Petites vacances

Quant au responsable du Blog des Livres, il prend quelques jours de vacances. Rendez-vous le 2 août pour des nouvelles de ses lectures.

Vincent DuclertBlog climat 4

JOB

Blog Jacques olivier Baruch
Le journaliste Jacques-Olivier Baruch, qui s’occupa longtemps des étoiles à la Recherche, a quitté le journal pour de nouvelles aventures. Avant que les Pages Livres ne se redéploient à partir de février 2004, il s’occupait de la seule rubrique existante, « Le Livre du mois ». C’était toujours avec plaisir que je venais le voir, au milieu de l’ « open space » de la rue du Texel, recueillir ses précieux conseils et des livres fraîchement parus qu’il sortait de piles incertaines. Bref, un pilier de la rédaction. Bon vent, JOB !

Vincent Duclert

(sur la photographie, il se situe au second plan, dans les studios de RFI pour l'émission "Les visiteurs du jour").

Nouvelles Revues

Blog socio
La création d’une nouvelle revue en sciences humaines et sociales, c’est toujours un événement, le signe que la recherche est dynamique, que l’édition va de l’avant. Les Presses universitaires de France ont soutenu le projet de Serge Paugam, à l’initiative de Sociologies (avec Anne Luciani). Le pluriel est important dans un champ où les querelles d’école sont fréquentes. Le premier numéro est paru en mai dernier, 176 pages ordonnées en « Enquêtes », « Théories et méthodes », et « Débats », avec une attention soutenue pour les jeunes chercheurs, français et étrangers (20 €, disponible en version papier et en ligne).

CNRS éditions annoncent pour leur part la naissance, le 16 septembre prochain, de la revue Anatoli, dirigée par le géographe Georges Prévélakis et du politologue Ali Kazancigil. Deux chercheurs et intellectuels, l’un d’origine grecque, l’autre turque, réunis pour penser, dans le premier numéro, la « nouvelle entente balkanique » (250 p., 25 €).

Vincent Duclert

D'Eugène Sue à Joseph Kessel

L’été est la saison propice à la lecture et aux vacances. Bien que les chercheurs n’en prennent jamais, on conseillera aux autres d’emmener dans leurs valises deux volumes de la belle collection « Quarto » chez Gallimard.

Blog sue
Pour commencer, Les Mystères de Paris, d’Eugène Sue, fabuleux roman (paru initialement en 1843-1844 *) qui donne à voir une ville comme jamais on ne l’a imaginée. L’édition y est ici, intégrale et annotée par l’historienne de la littérature Judith Lyon-Caen, qui signe la préface. « Les Mystères de Paris sont bien de ces œuvres qui, comme la Comédie humaine ou Les Misérables, contribuent à la lisibilité du monde ». On pourrait ajouter, à la lire, le monde social d’une ville (1516 p., 26,90 €).

Blog kessel
Pour suivre, autre dépaysement, dans un autre siècle, plus loin de Paris, les Reportages et romans de Joseph Kessel, conçu et préfacé par Gilles Heuré, historien et grand reporter à Télérama. Les œuvres du prince des journalistes sont distribués en lieux qui disent le voyage et l’aventure, l’enquête et l’engagement, la Résistance avec L’armée des ombres et le Chant des partisans : Première Guerre mondiale, Irlande, Russie, La ligne [aéropostale], Palestine, Allemagne 1932, Etats-Unis/New York 1933, Espagne 1938, Seconde Guerre mondiale, Israël 1948, pour finir sur cet aveu : « J’aime les gens qui se dépassent… ». L’intérêt de ce volume tient notamment dans la réflexion sur le lien du reportage et du roman, avec les fortes convictions de Kessel sur leur attachement réciproque (1288 p., 27,50 €).

Vincent Duclert

* et en feuilleton, auparavant, en 1842, dans Le Journal des débats.

15 juillet 2010

Ce que cachent les œuvres

Blog maux
Dans Maux d’artistes. Ce que cachent les œuvres (Belin-Pour la science, 175 p., 25 €), Sébastien Dieguez, neuropsychologue au Laboratoire de neurosciences cognitives du Brain Mind Institute de l’Ecole polytechnique de Lausanne, s’interroge sur l’impact de la maladie sur les œuvres des grands artistes, de Camille Claudel à Van Gogh en passant par Maupassant ou Nabokov. Il ne souhaite pas réduire la compréhension artistique à la neurologie ou à la psychiatrie. Il tente surtout de comprendre ce que la maladie provoqua chez les artistes, la conscience qu’ils en eurent, et comment celle-ci transforma le travail créateur. Une étude convaincante et sensible, issue de la publication des articles que l'auteur avait à l'origine réservés à la rubrique "Art et pathologie" du magazine Cerveau & Psycho.

Vincent Duclert

08 juillet 2010

L'édition électronique

Blog dacos
Bonne nouvelle pour le livre papier, dont le sort est parfois tenu comme condamné tant le développement de l’édition électronique est forte et même irrésistible. La Découverte a publié en effet il y a quelques mois une étude sur L’édition électronique sur un bon vieux support papier qui fleure bon l'encre d'imprimerie, dans une collection de poche qui a fait ses preuves depuis longtemps et qui profite même d’un nouveau format, plus grand, plus élégant (coll. « Repères », mars 2010, 128 p., 9,50 €). L’ouvrage est du à deux grands spécialistes du sujet, Marin Dacos, fondateur du portail Revue.org et du logiciel d’édition électronique Lodel, et directeur du Cléo (Centre pour l’édition électronique ouverte), et Pierre Mounier, spécialiste d’histoire politique d’Internet * et créateur du site Homo Numericus. Tous deux développent de concert le portail Hypotheses.org. « En devenant électronique, le métier d’éditeur a bien changé », soulignent-ils à juste raison. Dans cet horizon assumé, les éditeurs pourront alors imaginer une nouvelle place, un nouvel avenir au livre papier.

Vincent Duclert

* Sous-titre de l’ouvrage qu’il publia en 2001 aux éditions La Découverte (Les Maîtres du réseau).

06 juillet 2010

Prodigieuses créatures

Blog lelay
Qui sont les prodigieuses créatures que nous annonce le titre de ce très agréable roman de Tracy Chevalier (traduit de l’anglais, Quai Voltaire, 2010, 377 p., 23 €) ? Peut-être Mary Anning et Elisabeth Philpot, deux chasseuses de fossiles qui écument les plages autour de Lyme Regis (Dorset) en ce début de XIXe siècle. Ou alors l’ichtyosaure et le plésiosaure que la première extrait de la falaise suscitant l’émoi dans la communauté scientifique et le questionnement dans toute la société. Car, contrairement à ce qu’elle croyait au départ, ce ne sont pas des squelettes de crocodiles qu’elle a mis au jour mais les restes d’animaux qui semblent avoir disparu de la surface de la planète.

Tracy Chevalier est l’auteur du best-seller La jeune fille à la perle, transposé au cinéma. D’où une appréhension lorsqu’on entame sa dernière œuvre. Ne surfe-t-elle pas sur son succès ? D’autant que les deux héroïnes sont des personnages réels auxquels d’aussi éminents savants que Georges Cuvier ou Louis Agassiz rendirent hommage. Doutes vite balayés. Tracy Chevalier excelle à reconstituer l’atmosphère début de siècle de la petite ville de bord de mer. Elle décrit à la perfection les différentes classes sociales qui se côtoient et le carcan imposé aux femmes. Mary et Elisabeth sont tour à tour les narratrices de cette aventure aux multiples rebondissements donnant un ton particulier aux chapitres alternés.

Et puis, last but not least, dans un postscriptum, l’auteur fait pour nous le partage entre la réalité et les libertés que lui autorise la fiction. Pour conclure, elle nous livre une bibliographie choisie aux meilleures sources tant primaires que secondaires. Un modèle du genre en plus d’un plaisir pour l’été. Nul doute que le petit musée Philpot de Lyme Regis va connaître cette année une affluence record !

Colette Lelay

La sociologie à vif

Blog lemieux 2
Cyril Lemieux, dont on a rendu compte de l’ouvrage Le Devoir et la grâce, est aussi l’auteur aux Presses de l’Ecole des Mines de La sociologie sur le vif. C’est aussi la « sociologie à vif » qui est en question, confrontée aux injonctions des temps courts de l’actualité alors l’enquête et la recherche exigent recul et profondeur (coll. « sciences sociales », 326 p., 19 €).

Vincent Duclert

01 juillet 2010

Le devoir et la grâce

Blog lemieux
Dans un ouvrage remarqué au titre profond – bien que ne contenant pas une once de théologie, le sociologue Cyril Lemieux propose une « analyse grammaticale de l’action », sous-titre rêvé pour cette tentative de réhabiliter une posture anti-relativiste et universaliste en sciences sociales. Il s’agit d’un enjeu à la fois scientifique et politique, plaçant la sociologie dans une situation de restitution de sens et de rationalité dans un monde qui en manque (Le devoir et la grâce, Paris, Economica, coll. "Etudes sociologiques", 2009, 248 p., 27 €).

Vincent Duclert