Le 500e billet du Blog des Livres de La Recherche.
Réponse le 2 août :
Pascal Acot est le 4e en partant de la gauche, pantalon clair, chemise marron. Guiliana Sgrena serait, sous toutes réserves, la dernière à droite. Journaliste italienne, elle fut enlevée en 2005 en Irak. Un membre des services secrets italiens la protégea en faisant de son corps un bouclier, alors que la voiture qui l’emmenait vers l’aéroport de Bagdad était sous le feu de soldats américains.
Et oui, le Blog des Livres affiche 500 billets au compteur depuis sa création il y a deux ans et demi. Cela pourrait être mieux, mais du moins ces textes existent, sont gravés dans le marbre de la toile et peuvent être facilement retrouvés puisqu’ils demeurent sur le site.
Pour fêter ce chiffre rond, nous vous offrons une bonne feuille de l’essai, à paraître le 13 octobre prochain aux éditions universitaires Armand Colin, de Pascal Acot : Climat, un débat dévoyé ?.
Pascal est un ami, c’est un rédacteur régulier (et talentueux) du Blog après l’avoir été des Pages Livres 2004-2009, c’est aussi et d’abord un historien du climat à la rédaction précise, à la démonstration soucieuse, et au style toujours élevé. Normal, son espace familier, c’est le ciel, à quelques bonnes centaines de mètres du plancher des vaches, au manche de son ULM scintillant dans le soleil encore pur des petits matins d’été sur les Pyrénées.
Cet extrait succède au dernier intertitre de la conclusion : « Pour une approche politique de la question climatique ». On pourrait en faire le programme de l’automne. Bonne lecture. *
Vincent Duclert
* Merci aux éditions Armand Colin pour avoir autorisé cette brève pré-publication. Sur la photographie prise à Bastia le 23 juin 1996 (colloque Méditerranée Carrefour de solidarités), on reconnaît Pascal Acot. Mais ou ? Réponse le 2 août !
Pour une approche politique de la question climatique
Dans les premières semaines de juillet 2010, deux informations sont relativement passées inaperçues car partiellement masquées par ce que la presse a appelé « l’affaire Bettencourt-Woerth ». L’une et l’autre ont été publiées le vendredi 9 juillet.
La première portait sur le « blanchiment » des experts du GIEC dans l’affaire de l’Université d’East-Anglia. On se souvient que des courriels piratés émanant de cette institution avaient laissé penser que les informations en matière de réchauffement climatique avaient été malhonnêtement orientées afin de manipuler l’opinion et de « réduire toute ‘dissidence’ scientifique » (François Foucart, « Le travail des experts du climat lavé de tout soupçon », Le Monde, 9 juillet 2010). Voici les experts du GIEC « lavés de tout soupçon », avec tout de même en sous-titre l’aveu de « critiques à la marge ». Curieusement, ce blanchiment concernant des pratiques supposées frauduleuses fut surtout présenté comme une formidable confirmation scientifique des travaux du GIEC : il n’y a « aucune erreur significative » dans le dernier rapport à l’intention des décideurs décrète alors une agence néerlandaise « indépendante » (l’Agence Néerlandaise d’Evaluation de l’Environnement). On se demande au passage, sur quoi de sérieux s’appuie l’affirmation « d’indépendance », si difficile à établir... Mais voilà le public rassuré par la compétence d’«experts » que des prestidigitateurs ont fait au bon moment sortir de leur chapeau.
La seconde information est relative aux mesures d’économie en matière de lutte contre le réchauffement climatique proposées en France par le ministre « de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer » : « En tout, près de deux milliards d'euros devraient être économisés d'ici 2012, dont un milliard sur les niches «vertes», ces avantages fiscaux liés à des travaux «écologiques». Jean-Louis Borloo a ainsi évoqué la réduction d'impôt offerte aux particuliers qui installent des panneaux photovoltaïques sur le toit de leur habitation. Le manque à gagner pour l'Etat est estimé à 800 millions d'euros. » (Sophie Amsili, Le Figaro.fr, 9 juillet 2010).
D’un côté une imposture intellectuelle de plus. De l’autre le renoncement à ce qui avait été présenté en fanfare comme l’une des mesures significatives de la lutte contre le réchauffement climatique. Nous avons vu ce qu’il convient de penser de la portée surévaluée des actions environnementales des ménages. Mais les mesures d’économie n’ont pas été prises sur cette base, qui pourrait être juste. Les politiciens de service n’ont même pas tenté, et pour cause, de les justifier sur des bases « écologiques ». Il eût fallu informer le débat.
Le climat de la planète ne mérite pas ces donneurs de leçons d’austérité écologique depuis les Champs Elysées, amis de l’argent et plaisants beaux parleurs. De quoi méditer l’interrogation platonicienne plus de deux fois millénaire et fondatrice de toute réflexion sur l’action politique : peut-on écarter les démagogues des affaires de la Cité ? Notre destin climatique passe par la réponse que les sociétés humaines donnent chaque jour à cette question.
Pascal Acot.
Petites vacances
Quant au responsable du Blog des Livres, il prend quelques jours de vacances. Rendez-vous le 2 août pour des nouvelles de ses lectures.