Les rites du souvenir
Dans Le mythe gaullien (évoqué dans le billet du 17 juin), Sudhir Hazareesingh rappelle que le général de Gaulle, quelques jours avant la date anniversaire du 18 juin 1945, fit adopter par le conseil des ministres (il était président du GPRF) le « principe d’une cérémonie courte et sobre au Mont-Valérien, où entouré de ses proches compagnons, il allumerait une flamme du souvenir pour honorer les morts des deux guerres ». L’ordonnance de la cérémonie fut confiée à l’ordre de la Libération. L’historien note que le rite du 18 juin qui prit forme en 1945 et 1946 s’inscrivait dans la « continuité du cérémonial gaullien des débuts de la Libération, notamment dans l’extrême brièveté de la liturgie, dans la prépondérance donnée aux morts militaires [...] et dans le désir affiché d’honorer la continuité du sacrifice français de 1914 à 1945 » (pp. 98-99). L’ « esprit du 18 juin » se devait d’être rare, parce que rares avaient été les hommes et les femmes (mais elles sont somme toute peu présentes dans la geste gaullienne). Les cérémonies d’hier 18 juin 2010 ont modifié cet agencement du rite et de la mémoire. La cérémonie du Mont-Valérien a clos cependant la journée commémorative. Le prix Nobel de médecine François Jacob, jeune officier de santé dans les Forces françaises libres, décoré de la médaille de la Libération (le 17 novembre 1945), grand chancelier de l’Ordre depuis le 12 octobre 2007, ranima la flamme du monument qui rend hommage aux mille fusillés du Mont-Valérien.
Vincent Duclert
Photographie, source : Présidence de la République
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