Le mouvement des chercheurs, enseignants et enseignants-chercheurs ne faiblit pas alors que, débuté le 22 janvier, il entre dans sa neuvième semaine.

La perception des risques qui pèse sur la recherche et l’université est toujours aussi forte et aussi nette. La conscience des risques fait partie du travail même du chercheur comme le rappellent très justement Didier Fassin et Alban Bensa dans un livre collectif majeur, Les politiques de l’enquête. Epreuves ethnographiques (La Découverte, coll. « Recherches », 2008, 331 p., 28 €) : « l’épreuve ethnographique signifie pour nous, au-delà de la singularité des expériences, une prise de risque qui commence dans la relation d’enquête et se prolonge dans le travail d’écriture. » Le travail d’écriture est celui aussi qui attend les chercheurs confrontés au sens des transformations qui affectent, depuis l’arrivée de Nicolas Sarkozy à la tête de l’Etat, la pensée et la pratique du « vivre ensemble ». Une première concrétisation de cette politique de l’enquête est apparue il y a quelques semaines avec la parution, aux mêmes éditions La Découverte, du tome 1 de Cette France-là 06 05 2007|30 06 2008, premier volet d’une vaste enquête sur le quinquennat de l'actuel président de la République marqué dès l’origine par une nette rupture avec ses prédécesseurs, notamment en terme de politique d’immigration et de conception de la société. Conçu et rédigé par de jeunes chercheurs en sciences sociales, cet ouvrage renvoie sans aucun à La misère du monde de Pierre Bourdieu (1993). Souhaitons-lui le même succès intellectuel, politique, et commercial (447 p., 15 €).

Vincent Duclert, EHESS