Le Festival d'Avignon
Le Festival d’Avignon a commencé hier vendredi 4 juillet. Outre sa raison d’être, il constitue aussi un véritable laboratoire d’observations et d’études (et peut-être sa raison d’être définitive serait d'exister comme un objet total pour les sciences sociales !). La dernière de ces études, et non la moindre, est celle que publie aux Presses universitaires de Grenoble (PUG) Jean-Louis Fabiani, L’Education populaire et le théâtre. Le public d’Avignon en action (192 p., 20 €). Fondée sur l’analyse des débats houleux ayant entouré l’édition 2005, elle développe une réflexion des rapports entre culture, politique et société. L’ouvrage poursuit et étend la réflexion entamée « à chaud » dans Le cas Avignon 2005, un collectif publié par les éditions L’Entretemps dans leur collection « Champ théâtral » (Georges Banu et Bruno Tackels dir., 272 p., 10 €). On y retrouvait parmi les auteurs, outre Jean-Louis Fabiani, Emmanuel Ethis, son ancien élève, devenu depuis 2007 président de l’université d’Avignon. En 2002 déjà, Ethis et Fabiani avaient proposé une étude des processus de réception du Festival dans Avignon, le public réinventé (La Documentation française).
Quelques jours avant la sortie en librairie de L’Education populaire et le théâtre est paru Avignon ou le public participant, du aux deux mêmes chercheurs associés avec un troisième et très jeune sociologue, Damien Malinas. Sous-titré Une sociologie du spectateur réinventé, l’ouvrage, également publié aux éditions L’Entretemps en co-édition avec La Documentation française (240 p., 25 €), repose sur quinze ans d’enquête conduite sur les publics du Festival, ou plutôt « le public », notion commune et identitaire tant cette expérience d’Avignon est décisive pour chaque spectateur quel qu’il soit. Pour être complet sur cet engagement scientifique où la sociologie a inventé à la fois un nouveau territoire, le théâtre, et de nouvelles approches entre esthétique, anthropologie et réception, mentionnons la thèse de Damien Malinas qui paraît ces jours-ci aux PUG, Portrait des festivaliers d’Avignon. Transmettre une fois, pour toujours ? (248 p., 20 €)
Les historiens ne sont pas en reste. En 2007 sortait la grande étude qu’Emmanuelle Loyer, historienne du théâtre (et de l’exil américain) et Antoine de Baecque, historien du cinéma (et de la Révolution française) consacraient aux soixante ans d’existence du Festival. Leur Histoire du festival d’Avignon (Gallimard, 608 p., 39 €) est précieuse sur de nombreux plans, le souci d’abord de l’exposition et de la synthèse, le choix du détail en parallèle, le recours systématique aux archives publiques et privées, enfin une présence remarquable de l’image mise en valeur par une maquette élégante. Comme l'écrivent les deux historiens, "nous ne pouvions donner son sens profond au récit de cette aventure qu'en y intégrant les images et les documents d'une histoire que nous aimons charnelle".
Vincent Duclert