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22 juin 2008 |

Un monde de réflexion

Blog_foucault Il existe une sorte de mythe dans l’œuvre de Michel Foucault, révélé par lui-même, d’abord le 27 mai 1978 dans une communication à la Société française de philosophie puis dans un numéro du Magazine littéraire paru en mai 1984, un mois avant la disparition du philosophe. Il s’agit du texte d’Emmanuel Kant de 1784, « Qu’est-ce que les Lumières ? » et de son rôle éminent dans la trajectoire foucaldienne. La nouvelle publication des cours du Collège de France assurée par la collection « Hautes études » (une entreprise commune aux Editions de l’EHESS, Gallimard et Le Seuil), Le Gouvernement de soi et des autres. 1982-1983 (2008, 386 p., 27 €) revient sur « un texte pour moi un peu blason, un peu fétiche », dit Foucault. Car « Qu’est-ce que les Lumières ? » a été au centre de la première leçon du 5 janvier 1983. Pour Michel Foucault, ce texte fonde le passage de la philosophie classique au présent de la philosophie et de la politique. Ce qui est posé, « c’est la question du présent, c’est la question de l’actualité, c’est la question de : qu’est-ce qui se passe aujourd’hui ? Qu’est-ce qui se passe maintenant ? ». L’actualité est de la philosophie s’interrogeant sur elle-même mais aussi sur le monde et le pouvoir. Pour Michel Foucault relisant Kant, les formes par lesquelles le philosophe a posé « la question de sa propre actualité, n’ont pas cessé de hanter, sinon toute la philosophie moderne depuis le XIXe siècle, du moins une grande part de la philosophie ». Un autre intérêt peut-être secondaire mais à notre avis tout aussi essentiel que le premier court dans ces pages (au demeurant très lisibles puisqu’émanant de l’effort d’un professeur à se faire comprendre de son auditoire). Michel Foucault insiste sur le statut du texte de Kant publié à l’origine dans une revue, la Berlinische Monatsschrift. Et de préciser. Non seulement l’axe de cet article converge vers « la notion de public, de Publikum » à laquelle justement les revues accordent une importance fondamentale, mais de plus « une grande partie de son activité théorique a consisté à publier des articles, des comptes rendus, des interventions, dans un certain nombre de revues ». Foucault pointe ici l’une des vérités du mouvement scientifique et intellectuel et qui fait que, pour comprendre pleinement une œuvre, il faut aller vers ces textes apparemment annexes et se saisir du caractère public des lieux de leur publication. C’est tout un monde de réflexion qui s’ouvre, en ce premier dimanche d’été ! V.D.

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Nous rappelons à ce sujet le post d'Anne Rasmussen, "Michel Foucault", du 25 mai dernier, à voir sur le Blog des Livres.

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