Sauvons La Recherche, le CNRS et Claude Lévi-Strauss
Voici un extrait du communiqué, en date d'aujourd'hui, de l'association Sauvons La Recherche, appelant à toute une série d’initiatives contre le prochain Conseil d'Administration du CNRS, le 19 juin, seul habilité à décider de la restructuration de l’organisme. La référence à la pensée de Claude Lévi-Strauss est d'autant plus pertinente que paraît le volume des ses oeuvres en Pléiade (Œuvres, édité par Vincent Debaene, Frédéric Keck, Marie Mauzé et Martin Rueff, Gallimard, 2008, 2063 p., 71 €, prix de lancement 64 €). Pour quelques dizaines d'euros, on acquiert ainsi un savoir inestimable. V.D.
« Le gouvernement est en train d’essayer de mettre l'enseignement supérieur et la recherche sous son contrôle direct et au service de l'économie, incapable de comprendre que la science n’est pas un simple outil technique de production de richesses. Françoise Héritier, professeure au Collège de France, répond à cette conception: "Même des sciences humaines et sociales, on attend qu'elles rapportent ! Des bénéfices existent, mais ils sont de l'ordre de la compréhension et de la connaissance, ce qui est déjà énorme. Personne ne peut évaluer la valeur marchande de l'œuvre de Lévi-Strauss." De même Albert Fert (prix Nobel de Physique 2007) déclare : « Les chercheurs doivent être conscients des problèmes de société… mais on ne peut pas imposer une finalité stricte à la recherche ». Mais le gouvernement ignore ces évidences et continue sa marche forcée. Aujourd’hui, il a décidé de s'attaquer au CNRS, organisme de recherche de réputation internationale, car celui-ci pouvait jusqu'à aujourd'hui conduire une politique scientifique élaborée par des chercheurs et non par des politiques. Le gouvernement veut ainsi imposer un découpage du CNRS en instituts indépendants, dont la nomination des directeurs et les budgets seraient contrôlés directement par le pouvoir politique. Cela signifierait la disparition du seul opérateur global de la recherche fondamentale en France. Cette disparition entraînerait l'affaiblissement de tous les secteurs de la recherche publique, en particulier la recherche universitaire, puisque dans la plupart des UMR (Unités Mixtes de Recherche), un des partenaires est universitaire. L'inquiétude est particulièrement grande pour certains secteurs, tels que l'informatique ou les sciences de la vie, disciplines qui seraient chapeautées par des organismes à vocation de recherche essentiellement finalisée, au détriment de la recherche fondamentale. Quant aux SHS (Sciences Humaines et Sociales), leur présence au CNRS serait fortement réduite. » http://www.sauvonslarecherche.fr
Rédigé par : duclert | 10 juin 2008 à 09:15
Dans le numéro de La Recherche daté juillet-août et qui paraîtra à la fin du mois, Philippe Descola rendra compte de ce volume des Oeuvres de Claude Lévi-Strauss.