De la vulgarisation scientifique à la médiatisation de la science
La victime prêche par ignorance. Ainsi est-on tenté de penser parfois face à la diabolisation des médias par certains scientifiques. C’est que le diable jaillit souvent davantage d’un savoir normatif (ce que devraient être les médias) que d’un savoir descriptif (ce que sont les médias). Conçu par des chercheurs spécialistes du discours médiatique, La médiatisation de la science apporte une nouvelle contribution à la compréhension des rapports entre Sciences, médias et société en s’attachant au discours médiatique sur la science tel qu’il est en France à propos du clonage, des ogm et des manipulations génétiques. (Patrick Charaudeau dir., La médiatisation de la science, Clonage, ogm, manipulations génétiques, Bruxelles, de Boeck, 2008, 128 p., 18,52 €)« Les médias colportent des informations fausses ou déformées par rapport à la vérité scientifique » regrettent les victimes. Mais le « contrat de communication » et la « situation de communication » du discours scientifique, du discours didactique et du discours médiatique, rappelle Patrick Charaudeau, invitent à prendre acte des spécificités de chacun de ces discours en termes de finalité, d’identité des partenaires, de propos et de conditions matérielles. Ces spécificités ne sont pas à interpréter comme des sources d’erreurs introduites dans le discours médiatique par rapport à un discours scientifique originel, mais comme le signe de leur irréductibilité consubstantielle ou d’une « rupture et non-continuité entre le discours scientifique d’un côté et le discours de vulgarisation et de médiatisation de l’autre. » (p.19) Où résiderait dont cette rupture ? Dans l’exigence démocratique devenue constitutive de la médiatisation du clonage, des ogm et des manipulations génétiques. Dans le fait que l’utilisation de l’information scientifique et technique se fond dans le moule du débat social d’ordre éthique au sein de « l’espace public métaphorique » formé et construit par les médias (Suzanne de Cheveigné, « Dans l’arène des médias », in Les biotechnologies en débat. Pour une démocratie scientifique, Paris, Balland, 2002, pp. 63-115). La finalité citoyenne prime ici sur la finalité éducative.« Il s’agit moins de livrer des connaissances, d’expliquer de la manière la plus rigoureuse possible le fonctionnement des phénomènes de la vie, notent les auteurs, que de débattre autour d’une question de société. » (p. 7)
Julie Bouchard, CNRS
Rédigé par : Fabien Besnard | 06 juin 2008 à 20:05
J'avoue ne pas avoir tout compris à ce que vous avez écrit. En particulier je ne comprends pas comment une victime peut "prêcher par ignorance", mais peut importe, c'est surtout la fin qui m'interpelle quelque part au niveau du concept. "La finalité citoyenne prime ici sur la finalité éducative". Si je vous suis, on peut raconter n'importe quel bobard , ou colporter n'importe quelle rumeur, pourvu que ce soit "citoyen" ou que ça suscite le débat ? Mais à quoi sert un débat, et surtout où peut-il mener, s'il repose sur des erreurs factuelles ou des mensonges ?