Il faisait bien chaud aujourd'hui à
Paris. Je suis donc allé me mettre au frais, sous terre. En plus, il
y avait à boire frais.
J'ai en effet assisté à la remise de
la médaille d'argent du CNRS à Philippe Walter, codirecteur du
Centre de recherches et de
restauration des Musées de France, unité mixte du Ministère de
la Culture et du CNRS dont La Recherche a rendu compte des travaux ici, là, et encore ici). Frédéric Mitterrand n'était pas là (le
Louvre n'est pourtant pas loin du
Palais Royal), mais il y avait de nombreux conservateurs et
chercheurs de toutes disciplines (chimie, physique, géologie,
archéologie, histoire de l'art...) et, pour le discours officiel, la
directrice de l'Institut de chimie du CNRS, Gilberte
Chambaud.
Au delà des
mérites personnels de Philippe Walter, qui ne sont pas minces,
et dont je reparlerai probablement, ce discours a rappelé
l'engagement fort du CNRS dans la pérennisation du laboratoire, de
sa localisation dans l'enceinte du Musée (les locaux actuels,
inaugurés en 1995, communiquent avec le reste du Louvre), et de ses
moyens exceptionnels : depuis 1988, le laboratoire dispose sur site
d'un accélérateur de particules joliment nommé AGLAE (j'ai appris
aujourd'hui que ça voulait dire Accélérateur Grand Louvre
d'Analyses et d'Etudes!). Les études, auxquelles Philippe Walter
n'est pas étranger, sont déjà lancées pour lui construire un
successeur (AGLAE2, l'imagination se perd), en lien avec notamment
l'Institut Louis Néel
de Grenoble (laboratoire CNRS). Et Gilberte Chambaud m'a confirmé
que le CNRS était prêt à mettre la main au portefeuille.
Seulement voilà, le Ministère de la
Culture veut récupérer les locaux. La
directrice des Musées de France a annoncé il y a quelques mois
aux responsables d'équipes que la décision de leur départ était
prise, selon ce que m'a dit l'un de ces responsables. De nouveaux
locaux devraient être construits, en banlieue, pour les accueillir.
On ne sait pas encore où. Ni avec quel argent.
La Culture n'aurait-elle pas besoin de
science? Car il ne faut pas se leurrer, déplacer ce laboratoire hors
du Louvre, ce serait lui porter un coup sévère (peut-on enterrer un
laboratoire souterrain?), en réduisant fortement l'accès des
chercheurs aux oeuvres. Aujourd'hui, pas besoin de les sortir du
Musée pour les étudier, mais demain, avec quelle facilité les
conservateurs accepteront-ils de les laisser partir? Et qu'en
sera-t-il de son environnement scientifique? Sa position actuelle, en
plein centre de Paris, en fait un carrefour privilégié de rencontre
pour les spécialistes du monde entier.
Je crois que Philippe Walter et ses
collègues devraient d'urgence organiser une visite du laboratoire
pour le nouveau
Ministre de la Culture.
Luc Allemand