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04/05/2010 |

Morphine

Le théâtre du Lucernaire joue jusqu'au 12 juin Morphine, une pièce adaptée de la nouvelle de Mikhaïl Boulgakov, mise en scène par Thierry Atlan. Dans la Russie du début du XXe siècle, un jeune médecin, raconte son addiction à la morphine.

Nous voilà pendant 1H10 spectateurs de la descente aux enfers d’un médecin, qui, pour calmer les douleurs provoquées par un mal peut-être anodin, demande une injection de morphine. L’effet est immédiat, la sensation fabuleuse. Mais les douleurs reprennent et la drogue, à laquelle il a pris goût, se substitue au médicament. Elle lui rend d’abord la force dont il a besoin pour affronter son quotidien, puis elle le rend fragile et vulnérable, et finit par le consumer complètement. Mais en homme de science, il force sa lucidité pour nous livrer, même à bout de force, sous la forme d’un journal intime, les effets ravageurs de la « diabolique » substance. Son corps s’épuise, mais les descriptions, bien que de moins en moins cliniques, restent cohérentes. Le vocabulaire médical s’estompe progressivement au profit d’un discours subjectif et onirique. On comprend alors que la morphine est devenue pour cet homme, blessé par un amour malheureux et isolé dans la campagne russe battue par les tempêtes de neiges, le seul moyen de supporter sa solitude.


La pièce, sorte de manifeste scientifique stylisé, a peut-être plus de poids que toute description scientifique du phénomène de l’addiction. Le récit, à la fois beau et touchant, suscite en nous empathie et réflexion.La salle n'est pas bien grande : quelques pas seulement nous séparent de la scène et des trois personnages qui l’occupent ingénieusement. Dans cette atmosphère intimiste, il est difficile de ne pas frissonner lorsque l’aiguille de morphine feint de percer la veine de l’acteur qui campe, très justement, le rôle du médecin morphinomane.

Dora Courbon Tavcar

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Commentaires

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Bonjour.

Puisque je n'ai pas trouvé trace du moindre formulaire de contact sur ce site, je passe par ce chemin pour vous contacter... et vous dire combien je suis choqué par le "cahier spécial" gaz de schistes inclus dans le n° de septembre 2012.

Peut-on vraiment faire de la science lorsque ledit cahier est "réalisé avec le soutien de la direction scientifique de Total (sic!)"

Ne sont-ils pas quelque peu juge et partie, hmmmm ?

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