Benjamin Stora, dont nous avons récemment rendu compte de la réédition de ses trois volumes de synthèse sur l’Algérie– en coffret - à La Découverte, est l’un des premiers chercheurs par lequel ce pays et la guerre qui porte son nom sont devenus des objets historiques. Né à Constantive en 1950 dans une famille juive modeste, très bon connaisseur de la culture algérienne comme de celle des pieds-noirs, il a pourtant été débarqué de la responsabilité scientifique d'une exposition sur Albert Camus qui sera présentée à Aix-en-Provence à partir du 7 novembre 2013, jour où l'écrivain aurait eu cent ans. Il a été remplacé par Michel Onfray, auteur de notamment de L'ordre libertaire: la vie philosophique d'Albert Camus. La décision a été rendue publique de manière précipitée, il y a deux jours, sans que l’historien ni la ministre de la Culture et de la Communication n’aient été informés au préalable. La maire d'Aix-en-Provence et présidente de la communauté du pays d'Aix (CPA), Maryse Joissains Masini, a été déterminante dans cette réorientation, apparemment politique, du projet, Benjamin Stora semblant ne pas convenir aux anciens rapatriés d’Algérie, électeurs influents de la ville. On peut le regretter, sachant que les événements traumatiques ne peuvent s’apaiser, principalement, que dans l’histoire. Le dernier ouvrage de Benjamin Stora est une tentative d’explication de la guerre d’Algérie à la portée de tous (Le Seuil, 144 p., 8,10 €).
Vincent Duclert