Expérience de recherche et d'écriture
Historien des
écritures ordinaires, des inscriptions dans les villes jusqu’aux récits
asilaires, spécialiste aussi de l’œuvre de Michel Foucault, chercheur rompu aux
questionnements des disciplines sur elles-mêmes, Philippe Artières a conduit en
2011 une enquête sur les traces de son arrière-grand-oncle jésuite, mort
assassiné à Rome le 12 octobre 1925. Un soldat, par la suite déclaré
irresponsable et interné, lui a planté sa baïonnette dans le dos alors qu’il
marchait dans la rue. Philippe Artières a décidé de soumettre au jury de la
Villa Médicis (section écriture) un projet d’enquête sur la mort de son parent
et de récit de l’enquête. Accepté sur le mont Pincio, il se lance dans un
travail de reconstitution de l’événement autant que de sa propre histoire,
personnelle, familiale, qui croise l’enquête historienne. Pour mieux
comprendre, il se met en scène, revêt la soutane (on l’apprend dès la première
page du livre qu’il consacre à la Vie et
mort de Paul Gény), s’enfonce dans Rome, fait des insomnies, se donne corps
et âme à cette recherche de sens au risque d’égarer ses propres certitudes. Restitution
de l’expérience de recherche, le livre qu’il publie dans la fameuse collection
de Denis Roche au Seuil, « Fiction & Cie » (223 p., 19 €) est
aussi un acte littéraire au milieu des traces de toute sorte accumulées lors de
ses errances, lettres, archives, mots, images.
Revêtu de sa soutane, l’historien
se met à nu. On pourra prolonger cette plongée dans l’enquête avec les traces
de cette dernière, photographies et autres preuves d’une «Reconstitution, Jeux
d'Histoire» (Manuella
éditions, 78 p., 15 €).
Vincent Duclert
You can follow this conversation by subscribing to the comment feed for this post.