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03 février 2013 |

Edward Hopper à Paris

HOPPER, Soir bleu, 1914
Plus que quelques heures pour admirer, au Grand-Palais à Paris, une large partie des œuvres d’Edward Hopper, dont les fameuses toiles réalisées dans la capitale. Il emportera outre-Atlantique l’inspiration de cette modernité puisée dans la tradition baudelairienne (voir notamment la passion commune des deux artistes pour la photographie). Terminé aux Etats-Unis en 1914, Soir bleu exprime cet attachement à l’Europe tout autant que son adieu.

La rétrospective expose plusieurs œuvres qui ont marqué le jeune peintre américain durant ses trois séjours dans la capitale, Edgar Degas et son Bureau de coton à la Nouvelle-Orléans, Albert Marquet et ses quais de Seine où Hopper peignit la majeure partie de ses toiles parisiennes, ou les variations sur Vermeer de Félix Vallotton, maître du réalisme transfiguré qui passionna l’artiste et l’ancra dans sa voie picturale, malgré toute sa difficulté à percer ensuite aux Etats-Unis, méconnu pendant tant d’années.

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Mais son choix était fait, celui d’un « art métaphysique » en ce sens que sa peinture allait s’attacher à la banalité des vies et des lieux pour mieux révéler la vérité de l’existence et la poésie du ravissement qui s’y déploient. Hopper exprime des impressions profondément enfouies en nous, indicibles, qui sont celles de notre émotion devant une image quotidienne, une lumière, une silhouette, un visage, l’heure dorée du soir ou l’aube blanche d’un matin d’été, ou le vent chaud du soir qui tombe, ou l'attente et la solitude dans la grande ville.

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« Cela a été dit par Emerson avec une clarté incomparable », a reconnu Hopper dans un article sur son ami et complice le peintre Burchfield : « Dans chaque œuvre de génie, nous reconnaissons nos propres pensées rejetées ; elles nous reviennent avec une majesté étrangère ». Et Hopper de commenter la phrase du philosophe : « Les grandes œuvres d’art n’ont d’autre leçon émouvante à nous donner que celle-là. Elles nous enseignent à demeurer fidèles à notre expression spontanée avec une inflexibilité joviale ».

Toujours à propos de Burchfield, il écrivait ceci, qui s’applique exactement à sa propre peinture : « De ce qu’un artiste médiocre ou un ignorant qui ne sait pas voir considère comme l’ennui quotidien d’une petite ville de province, il a extrait une qualité que l’on peut qualifier de poétique, romantique, lyrique, ou de ce que l’on veut. En sympathie avec le particulier, il l’a rendu épique et universel. […] Il puise un stimulus quotidien dans ce que d’autres fuient ou traversent avec indifférence ».

Blog Hopper
Cette narration de Hopper, on la retrouve page 287 du catalogue de l’exposition du Grand-Palais (auparavant présentée au musée Thyssen de Madrid). On pourra toujours, une fois les portes closes, revenir au livre et aller de toiles en toiles, qui nous parlent de notre vie intérieure et d’un monde révolu.

Vincent Duclert

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