Max Jacob, 1876-1944
La collection « Quarto » des éditions Gallimard poursuivent leur travail méthodique de mise à disposition des œuvres contemporaines majeures, tant en littérature qu’en histoire ou en philosophie politique. Grâce à la réalisation de volumes de plus de mille pages, et pour certains approchant des deux mille comme les Œuvres du poète Max Jacob (1824 p., 29,50 €), « Quarto » propose des corpus très larges réunissant des textes ou des éditions souvent très dispersés, et que précédent une introduction approfondie et une chronologie illustrée et très rédigée de la vie et l’œuvre de l’auteur. Le volume consacré à Max Jacob est édité par Antonio Rodriguez (et Patricia Sustrac) et tandis que des poèmes de Guy Coffette en composent la préface, « Portrait de Max en accordéon » : « Timide, il est partout chez lui, à Paris comme à Quimper/Clinquant avec les riches et claquant dans la misère. »
Né le 12 juillet 1876 le long des quais de l’Odet, dans une
des rares familles juives de Quimper, il découvre Paris à l’âge de treize ans,
où il vit le docteur Charcot en raison de « troubles mal identifiés ».
Ce dernier conseille à sa mère de distraire le jeune garçon, ce qu’elle fait en
l’emmenant à la Comédie-Française découvrir « Réjane, et tous les gens de
théâtre de l’époque, émerveillé ». Ce voyage initiatique décide d’une
farouche volonté de retourner vivre dans la capitale. Ce qu’il fait en 1894 en
partant préparer – un choix qui déconcerta plus d’un – l’Ecole coloniale. Il
échoue. La vie parisienne le désenchante. Il découvre la peinture, se passionne
pour la critique d’art. Dès lors s’affirme ce déploiement de son inspiration
dans le langage et dans l’image. Marx Jacob épouse les avant-gardes de son
temps, jusqu’à la guerre où il tente de résister au déferlement d’antisémitisme.
Malgré l’interdiction faite aux Juifs de publier, il écrit un hommage à
Guillaume Apollinaire et participe aux revues de la contrebande littéraire
comme Confluences ou Fontaine. En avril 1942, il se rend pour
la dernière fois à Quimper, appelé par la mort de sa sœur aînée. Il écrit pour
elle « Enterrement à Quimper ». Le 4 janvier 1944, Léa, sa sœur cadette,
est arrêtée, internée à Drancy et déportée à Auschwitz où elle sera aussitôt
gazée. Max Jacob est arrêté à son tour le 24 février par la police allemande. Envoyé
lui aussi à Drancy, il doit être déporté à Auschwitz dans le convoi 69 du 7
mars. Atteinte de pneumonie, il décède à l’infirmerie du camp deux jours avant le départ.
En 1960, Max Jacob est élevé au rang de poète « mort pour la France » à titre civil, rejoignant dans cette distinction Charles Péguy, Guillaume Apollinaire, Robert Desnos et Benjamin Fondane. Le « Quarto » qui lui est consacré aujourd'hui est un nouvel hommage à son œuvre, à commencer par l’effort considérable de la réunir et de l’éditer.
Vincent Duclert
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