La géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre
Publié pour la première fois en 1976 dans la «
Petite collection Maspero », La
géographie, ça sert, d’abord, à faire la guerre, n’était pas passé inaperçu.
Le titre et la thèse étaient iconoclastes. Yves Lacoste montrait comment la
géographie universitaire et celle qui était enseignée dans le secondaire
refusaient à l’espace toute dimension politique, stratégique et militaire.
Choisissant de réintégrer ces enjeux, il redéployait le savoir géographique de
belle manière. Il pouvait s’appuyer pour ce faire sur la revue qu’il venait de
créer, chez Maspero aussi, Hérodote,
sous-titrée « Revue de géographie et de géopolitique ». Trente-six
ans plus tard, La géographie, ça sert, d’abord,
à faire la guerre est réédité (coll. « Cahiers libres », 248 p.,
20 €) avec une préface inédite de l’auteur qui évoque la première réaction de François
Gèze, patron de La Découverte : « Ce n’est pas un titre ! ».
Le fameux « flair » de l’éditeur fut pour une fois pris en défaut. Car
ce fut un bon et grand titre, désignant précisément ce que contenait le livre
et allant au-delà avec son caractère de manifeste permanent. Yves Lacoste
rappelle aussi que la phrase était apparue, quelques mois auparavant, dans le
premier numéro d’Hérodote.
La réédition du livre s’accompagne justement d’une
livraison spéciale de la revue, consacrée à « La géopolitique, des
géopolitiques », analysant notamment les représentations contradictoires
que se font du territoire les différents protagonistes des conflits.
Co-fondatrice et, depuis 2006 directrice d’Hérodote,
Béatrice Giblin introduit la réflexion en soulignant combien la géopolitique
est « un raisonnement géographique d’avant-garde » tandis qu’Yves
Lacoste revient lui aussi sur le rapport entre géographie et géopolitique (336
p., 26,50 €).
Vincent Duclert
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