La fabrique du nom d'auteur
Ce
livre pourrait s’intituler la « fabrique du nom d’auteur ». Il porte
sur le processus complexe par lequel un écrivain décide de se donner un nom de
plume. On est déjà dans l’acte littéraire, dans la création. L’étude de Claude
Burgelin, professeur émérite à l’université de Lyon 2, spécialiste de Georges
Perec, s’ouvre sur une double paternité, James Joyce en dédicace*, et Marcel
Proust pour La Recherche dont Gilles
Deleuze avait montré, bien à propos, que cette cathédrale avait commencé de s’édifier
lorsque l’auteur était parvenu à imaginer les noms propres de son œuvre.
Habillé de son nom de plume, l’écrivain brouille les pistes sur ses origines, s’invente comme personnage, la palme à cet égard revenant à Romain Gary/Emile Ajar. Le chercheur se doit alors de mener de véritables enquêtes. Les mal nommés. Duras, Leiris, Calet, Bove, Perec, Gary et quelques autres (Le Seuil, coll. « La Librairie du XXIe siècle », 355 p., 25 €) est un livre profond sur l’acte littéraire dans ce qu’il a de créateur, et de vertigineux aussi.
Vincent Duclert
* « Qu’y a-t-il dans un nom ? C’est ce que nous nous demandons dans l’enfance, lorsque nous écrivons ce nom qu’on nous dit le nôtre. » (Ulysse)
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