Le français, langue scientifique en Roumanie
Chacun sait que la Roumanie est historiquement un pays très accueillant pour les Français, où francophonie et francophilie se portent très bien. Des institutions tant roumaines que françaises soutiennent et valorisent de telles dispositions de départ. La France est ainsi le pays invité du Salon du livre qui s’achève à Bucarest aujourd'hui. Jeudi avait débuté dans ses murs un cycle sur les sciences humaines avec, notamment, plusieurs tables rondes de spécialistes roumains et français (ces derniers ayant fait le déplacement) sur Pierre Bourdieu dont l’œuvre est en cours de traduction en roumain. L’Institut français de Roumanie, sous la houlette de son directeur Stanislas Pierret, a fortement soutenu la présence française au « Bookfest » et s’apprête à contribuer de la même manière à la venue, l’année prochaine en France, d’écrivains et de chercheurs roumains – futurs invités au Salon du livre à Paris dont le pays choisi est précisément la Roumanie.
Un autre diplomate, Fabien Flori, est en charge de la coopération universitaire et scientifique laquelle se développe également fortement sur la base d'importantes ressources roumaines de départ et d'initiatives souvent décisives. On peut citer la Faculté des sciences politiques de l’Université de Bucarest, qui a créé une licence enseignée en français et qui vient d’ouvrir un master commun avec l’Ecole des hautes études en sciences sociales, ou bien que le New Europe College/Institut d’études avancées qui assure un soutien déterminant à la recherche en sciences sociales. Un colloque international sur les guerres balkaniques (1912-1913) s'y est tenu sous la direction d'une équipe franco-roumaine (Catherine Durandin, Silvia Marton, Jean-Jacques Becker, Florin Turcanu) et, chose désormais si rare, le français était la langue scientifique durant ces deux jours travail.
Le NEC en publie ensuite les actes, dans des volumes remarquablement édités, en français bien sûr, comme cette Grande Guerre. Histoire et mémoire collective en France et en Roumanie (2010, 120 p.) sous la coordination d’un historien roumain (Florin Turcanu) et d’un historien français (Christophe Prochasson). La recherche et le livre sont donc très actives en Roumanie, pour le plus grand bénéfice du français, et parce que des hommes et des femmes choisissent de s’y impliquer avec une grande générosité et une belle efficacité.
Vincent Duclert
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