Un philosophe au ministère
Depuis son entrée en politique et ses premières responsabilités au parti socialiste (1993, secrétaire du groupe des experts ; 1995, délégué auprès du premier secrétaire Lionel Jospin) aussi bien que ses premiers mandats (1997, député de la Somme), Vincent Peillon a poursuivi une carrière intellectuelle et scientifique en philosophie, dont il est agrégé et docteur (en 1992).
Sa thèse portait sur Maurice Merleau-Ponty ; il en a tiré un livre (La Tradition de l’esprit : itinéraire de Maurice Merleau-Ponty, Grasset, Paris, 1994). Sa bibliographie ne va pas cesser alors de grandir, avec un ouvage sur Jaurès philosophe (Jean Jaurès et la religion du socialisme, Grasset, Paris, 2000), une étude sur Pierre Leroux et le socialisme républicain, Le Bord de l’eau, 2003), une recherche sur la philosophie de Ferdinand Buisson (Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson, Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », 2010), une substantielle introduction aux Annales bergsoniennes édité par Frédéric Worms (tome 5, Bergson et la politique, PUF, 2011), ainsi qu’un essai sur la République et sa dimension philosophique (La Révolution française n’est pas terminée, Paris, Le Seuil, 2008) prenant le contre-pied de François Furet, et des Conversations républicaines (avec François Bazin, Paris, Denoël, 2011). Il est également l’auteur d’un Eloge de la politique : une introduction au XXIe siècle (Paris, Le Seuil, coll. « La Librairie du XXe siècle », 2011).
La politique au quotidien, dans un parti réputé pour ses conflits de personnes et d’intérêts, ne lui a pas toujours permis de faire vivre ensemble ces deux directions philosophique et politique. Leur confrontation a pu passer cependant par des lieux qu’imagina aussi Vincent Peillon, sa collection de la « Bibliothèque républicaine » qui, aux éditions du Bord de l’eau, réédite avec de substantielles préfaces des classiques oubliés du XIXe siècle, ou bien l’Institut Edgar Quinet qui « mobilise les universitaires et les intellectuels les plus qualifiés pour qu’ils confrontent leurs réflexions avec les pratiques des élus » (http://www.edgarquinet.fr/delia-CMS/institut_edgar_quinet/topic_id-2/presentation.html).
L’arrivée de Vincent Peillon à la rue de Grenelle place donc résolument un philosophe devant ce défi toujours rappelé d’agir pour la chose publique selon les idées et les savoirs, en fonction d’une haute idée qui puisse être donnée de la politique.
Vincent Duclert
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