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25 mai 2011 |

Utopie universitaire

Blog bulle 
J'avais mis de côté le petit livre de Libero Zuppiroli, La bulle universitaire. Faut-il poursuivre le rêve américain ? (Editions d'en bas, 2010, 156 p., 9€) lorsqu'il était arrivé il y a déjà plus d'un an. Pour le lire plus tard. Je l'ai ressorti la semaine dernière. Je confesse aujourd'hui que j'ai eu bien tort de ne pas lui faire immédiatement la place qu'il mérite.

En très courts chapitres, d'une plume acérée mais jamais acerbe, Libero Zuppiroli, professeur à l'Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, règle son compte au « modèle américain » que celle-ci tente, selon lui, d'imiter depuis une dizaine d'années sous la pression du pouvoir politique. Les professeurs n'y sont plus que des managers, dont les activités principales sont devenues le networking, le fundraising et le marketing (il refuse de traduire ces termes typiquement américains). Les sujets de recherche sont choisis pour satisfaire la mode. Et le contrôle bureaucratique l'a emporté sur l'indépendance et la liberté de l'université traditionnelle.

Pour Libero Zuppiroli, une bonne partie du mal vient d'une recherche d'uniformisation des diplômes, en particulier au niveau européen, démarche connue en France sous le joli nom de « masterisation ». Présentée comme un moyen de faciliter la circulation des étudiants sur le continent, voire au-delà, puisque de nombreux pays du monde proposent également des études universitaires organisées en cycles de 3, 5 et 8 ans, la masterisation ne servirait en fait qu'à produire une main d'œuvre dévalorisée et interchangeable. En cause également, la demande par les politiques d'une recherche utile, dont les applications ne se font pas trop attendre et sont, si possible, programmables.

Dans une dernière partie, il présente son utopie universitaire. Liberté de la recherche, liberté d'enseigner et d'apprendre, liberté d'imaginer : la liberté est son maître mot. Il idéalise sans doute les modèles du passé, tel celui de l'université médiévale de Bologne. Mais peut-on lui reprocher de défendre une « université où l'on pense » face à une université où l'on a surtout la préoccupation de produire, des découvertes ou des diplômés? Une question à discuter aussi en France à l'heure où les partis élaborent leurs programmes pour les élections nationales de 2012.

Luc Allemand

 

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Commentaires

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Je voudrais signaler une "coquille" de taille dans cette critique de livre. Soit elle est du fait de l'auteur et là le livre prend un sacré coup soit c'est une simple confusion lors de l'écriture de la critique. Il ne s'agit de "mastérisation" mais du système LMD (Licence-Master-Doctorat" (en 3-5-8 ans respectivement). La mastérisation est la formation des Maîtres (enseignants du secondaire, élémentaire, ...). Comme l'erreur est reprise plusieurs fois, il faudrait vraiment la corriger.

Cordialement, Antonin

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