Le premier dictionnaire encyclopédique de muséologie
Alors que le Sénat vient de rendre public le rapport d’information de la sénatrice UMP de Paris Catherine Dumas sur « le projet de création d’un musée de l’histoire de France » *, - rapport particulièrement critique sur le processus suivi par ses responsables -, paraît aux éditions Armand Colin le premier Dictionnaire encyclopédique de muséologie (776 p., 59 €). Sous la direction d’André Desvallées et de François Mairesse, cette œuvre monumentale se place résolument dans les pas de l’Encyclopédie et des « graines de science » auxquels aspiraient Diderot et d’Alembert. L’introduction de l’ouvrage, en forme de « Discours liminaire », distingue précisément l’encyclopédie du dictionnaire et opte pour une synthèse des deux : sont alors proposés, en un volume, ces « germes de science » sous la forme de 21 articles « présentant, selon un ordre alphabétique, les principaux concepts et notions utilisés en muséologie » (on va d’ « architecture » à « société » en passant par « muséal », « musée », « muséographie », « muséologie », « objet », « patrimoine », « public », ou « recherche »), et une « partie dictionnaire, définissant près de 500 termes liés à la muséologie et renvoyant à leur utilisation dans la première partie ».
Ce projet adopte une conception résolument internationale même si l’essentiel des auteurs appartient à la sphère francophone. Il émane du travail mené au sein du Comité international pour la muséologie du Conseil international des musées, comité institué en 1977 et qui lança, en 1993, le projet d’ « établir un recueil des concepts de base de la muséologie », point de départ de l’ouvrage publié aujourd’hui. « Au fil des années, expliquent ses directeurs, un consensus s’est dégagé pour tenter de présenter, en une vingtaine de termes, un panorama du paysage si varié qu’offre le champ muséal ». La muséologie est une discipline jeune, qui ne disposait pas jusqu’à lors d’un ouvrage de référence. Cette lacune est comblée par le Dictionnaire encyclopédique de muséologie qui inclut un séduisant et pédagogique cahier iconographique hors texte. On aurait souhaité cependant qu’un article « Politique » vienne s’intercaler, dans la partie encyclopédique entre « Patrimoine » et « Préservation » tant les musées – et pas seulement les musées d’histoire – peuvent être soumis aux pressions des Etats ou des pouvoirs politiques ; on le constate dans le cas français de la « Maison de l’histoire de France ». Mais peut-être que l’acte professionnel et scientifique que représente le Dictionnaire encyclopédique de muséologie constitue un moyen efficace autant que détourné pour déjouer ces contraintes.
Vincent Duclert
* « La maison de l’Histoire de France : Rendez-vous avec l’histoire » http://www.senat.fr/rap/r10-507/r10-5071.pdf
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