Le malade est une personne
Deux ouvrages récents, différents l’un de l’autre, attestent du poids de la maladie du cancer sur les malades qui basculent, comme personne, vie, corps, dans un univers autre, très éloigné de celui, familier, qu’ils doivent quitter et retrouver sans cesse en tentant de guérir. Les patientes, de Sylvia Tabet, raconte le temps de l’hôpital, l’expérience des soins, la rencontre des médecins, la confrontation avec la vie ordinaire, les rêves, l’instant. C’est un livre remarquable, où l’écriture est salvatrice tant l’auteur prouve que le langage défie la mort. En disant l’épreuve de la maladie, il fige cette dernière et redonne de la beauté à vie. Sylvia Tabet est peintre, son livre est beau comme une toile impressionniste du siècle dernier. Les Empêcheurs de penser en rond, associés à La Découverte, prouvent ici, une nouvelle fois, leur vocation à publier des ouvrages essentiels. Dans celui-ci se lient l’intimité profonde et le genre humain (221 p., 13,50 €).
Antoine Spire et Mano Siri, le premier journaliste et ancien directeur du département de la recherche de l’Institut national du cancer, la seconde philosophe, enseignante à Paris VII et scénariste (dont Le Blues de l’Orient), signent pour leur part une étude sur la prise en charge des malades et la responsabilité des médecins dans un processus nécessaire de pensée de l’expérience humaine de la maladie. La dimension anthropologique de la médecine est ici affirmée – ou réaffirmée (Cancer : le malade est une personne, Odile Jacob, 263 p., 24,90 €).
Vincent Duclert
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