Les vrais aventuriers de l'Arche perdue
On le sait peu, mais l'Eglise de Jésus Christ des Saints des derniers jours, dont les adeptes sont plus communément nommés « Mormons », a été fondée suite à une découverte archéologique. Plus précisément, dans les années 1820, le prophète Joseph Smith a trouvé dans l'Ontario, aux Etats-Unis, guidé par un mystérieux messager divin, des plaques d'or portant un texte gravé en hiéroglyphes. Smith traduisit le texte sans regarder les plaques : il plongeait la tête dans son chapeau, où il avait préalablement pris soin de déposer deux pierres magiques trouvées de la même manière, et dictait à son épouse ou à un ami. Personne ne vit jamais les fameuses plaques d'or, mystérieusement disparues. En revanche, l'examen du papyrus égyptien antique que Smith traduisit ensuite a levé toute ambigüité : Smith était bien un mystificateur.
Cette histoire est l'une de celles que raconte avec malice Jean-Loïc Le Quellec dans Des Martiens au Sahara, sous titré « chroniques d'archéologie romantique » (Actes-Sud/Errance, 2009, 25 €). Il y passe en revue des cas connus et moins connus de légendes archéologiques : la découverte du corps d'un géant aux Etats-Unis en 1869, la quête inaboutie de l'Arche de Noé, les multiples interprétations de la grotte de Lascaux (toutes aussi farfelues les unes que les autres), ou encore des gravures représentant des éléphants en Amérique. Les chapitres sont courts et jamais ennuyeux, on voyage dans le monde entier et les créationnistes en prennent pour leur grade. Soucieux de défendre leurs thèses d'une création sans évolution, ces derniers n'hésitent en effet jamais à reconnaître des traces humaines entremêlées à une piste fossile de dinosaures, ou la forme d'un diplodocus dans une gravure rupestre ancienne. On attend un second volume, tant est vaste l'imagination des hommes.
Luc Allemand
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