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mars 2010

04 mars 2010

Le mythe climatique

Blog rittaud
Benoît Rittaud, mathématicien, maître de conférences à l’université Paris-XIII, collaborateur régulier de La Recherche pour les pages maths, auteur de nombreux ouvrages essentiellement publiés aux éditions du Pommier, plonge aujourd’hui, avec Le Seuil et la collection « Science ouverte », dans le débat hautement polémique du réchauffement climatique. Son ouvrage, Le mythe climatique (206 p., 17 €) interroge la validité scientifique de la thèse dite de la « crise climatique ». L’auteur y établit qu’en l’état actuel des connaissances, il n’est pas possible de fonder scientifiquement le réchauffement climatique. Il a bien conscience qu’en se montrant sceptique sur la « crise climatique », il se fait l’allié objectif d’opinions politiques sans rapport avec le climat. Mais de citer Max Weber qui, dès 1919, écrivait que « chaque fois qu’un homme de science fait intervenir son propre jugement de valeur, il n’y a plus compréhension intégrale des faits ».

Si Benoît Rittaud intervient dans la mêlée, c’est que le rôle des mathématiques apparaît essentiel dans la question posée. « Le grand intérêt de l’angle mathématique est qu’il permet de présenter certaines controverses de manière assez complète – une possibilité plutôt rare dans le domaine des sciences du climat, où tant de phénomènes sont susceptibles d’influer sur tant d’autres. » L’ouvrage présente un autre angle, cette fois épistémologique, en vertu du constat que « l’affaire du réchauffement climatique d’origine humaine fournit un exemple du plus haut intérêt pour étudier la façon dont la science évolue ». Benoît Rittaud estime ainsi que « l’épistémologie peut aussi jouer un rôle décisif ».

L’ouvrage ne passera pas inaperçu, dans la mesure où il veut proposer une critique du réchauffement climatique (d’origine humaine) fondée sur des critères résolument scientifiques. Pour autant, Benoît Rittaud se veut modeste, et surtout ne pas prétendre à l’exhaustivité dans la mesure où la question climatique lui semble « suffisamment complexe et importante pour ne pas la diluer dans d’autres, tout aussi délicates ». En même temps, les conséquences de son analyse auront de toute évidence un caractère global, et pas seulement sur la « crise climatique » mais sur toute la mesure de l’action humaine sur le vivant. Il y a là une certaine contradiction. Une autre contradiction méthodologique apparaît à la lecture du mythe climatique. Benoît Rittaud invoque les mânes de Max Weber, mais il écarte en même temps la pensée des sciences sociales. En effet, la posture dite du carbocentrisme ne se réduit pas uniquement à des données scientifiques qui doivent être discutées comme cela est fait ici. Cet objet révèle aussi un nouveau rapport des groupes et des individus à la planète. Il désigne la prise de conscience de la longue indifférence des sociétés pour les conséquences « écologiques » des phénomènes humains comme la pollution industrielle ou la destruction des sols et des espèces. Il engendre en définitive des comportements nouveaux qui dépassent largement la seule appréhension du réchauffement climatique. Une dernière contradiction émerge enfin du livre. L’auteur, sous couvert de critique épistémologique, attaque résolument les scientifiques favorables au carbocentrisme. Il pointe leurs erreurs, leurs aveuglements, leur rhétorique irrationnelle, tout en critiquant à l'inverse certaines poses extrêmes de leurs adversaires, les sceptiques du climat. Mais Benoît Rittaud glisse lui aussi dans le pamphlet bien que s’en étant défendu en introduction. La conclusion serait finalement d’encourager à l’écriture d’un ouvrage plus exhaustif sur une question qui n’est pas seulement scientifique et épistémologique. D’où sa complexité.

Vincent Duclert

02 mars 2010

Les valeurs, les idées et les intérêts

Blog weber
Chapeau bas ! à Philippe Chanial qui a traduit de l’américain l’ouvrage introductif à la sociologie de Max Weber par Stephen Kalberg, Les valeurs, les idées et les intérêts (La Découverte, coll. «  Texte à l’appui/Bibliothèque du MAUSS », 276 p., 18 €). Non seulement la traduction est un exercice à la fois essentiel pour les sciences sociales et difficile pour ceux ou celles qui la pratiquent. Mais de surcroît Philippe Chanial et les éditions La Découverte ont opté pour la synthèse la plus ambitieuse à l’heure actuelle de l’œuvre de Weber, due à Stephen Kalberg, professeur de sociologie à l’université de Boston et lui-même traducteur aux Etats-Unis de L’Ethique protestante et l’esprit du capitalisme.

Vincent Duclert